La grève à la SNCF s’annonçait très forte. Parmi le cheminot-e sur trois obligé de déclarer 2 jours à l’avance son intention de faire grève, 1 sur 2 s’est annoncé en grève, dont plus de 3 conducteurs sur 4. La Direction de la SNCF a dû déconseiller de prendre le train, a fermé des gares de grandes villes, faute de trains. Ce mardi 3 avril, elle minimise maintenant la grève qui, selon sa façon bien à elle d’établir des statistiques, n’aurait été suivie que par 34 % des cheminot-es… mais elle s’avère dans l’impossibilité de faire rouler plus d’un train sur 10 !
Les 15 000 cheminot-es dans les Assemblées générales ont voté la reconduction de la grève pour le lendemain. Une manifestation à Paris entre les gares de l’Est et de Saint-Lazare a réuni les cheminot-es, des hospitaliers, des salarié-es d’Air France, des enseignants et étudiants. La motivation est grande à la SNCF, dans tous les collèges, tous craignent pour leur emploi, refusent d’être transférés au privé qui ne pense qu’aux dividendes des actionnaires au détriment des conditions de travail et de sécurité, de la qualité du service public. La conscience professionnelle du cheminot est heurtée par la casse de l’outil de travail.
Le gouvernement a tenté de stigmatiser les cheminot-es « privilégiés », de critiquer la SNCF, de mettre en avant l’énorme dette… Il a échoué, la vérité est audible maintenant sur le statut et ses contraintes, sur les dégâts de la concurrence notamment l’abandon des relations non rentables, sur la dette, qui est celle du gouvernement, mais qui pèse sur la SNCF qui augmente ses tarifs pour rembourser plus d’un milliard d’intérêt chaque année.
Mais le gouvernement persiste dans sa volonté de faire croire à une concertation, alors qu’il se contente de vouloir mieux expliquer qu’il n’y a pas d’alternative au refus du statut pour les nouveaux embauchés, à la concurrence sur les rails… et qu’il ne dit pas un mot sur sa dette.
Les cheminot-es ne gagneront qu’avec le soutien de la population qui verra le lien entre défense du statut, développement du service public, aménagement du territoire, préservation de l’environnement, … Mais le meilleur soutien, c’est l’extension de l’action pour renverser le rapport de forces entre travail et capital :
– La 4e journée de grève pour une augmentation des salaires commence à Air France qui annonce la suppression d’un quart des vols.
– Une grève illimitée commence dans les déchets pour la reconnaissance de la pénibilité ce qui nécessite une réduction du temps de travail et un départ en retraite anticipé.
– Le secteur de l’énergie commence une grève jusqu’au 28 juin pour un nouveau service public de l’électricité et du gaz qui réponde à l’intérêt général.
– Les étudiant-es, à l’appel de 18 organisations de jeunesse, étendent la grève contre la modification du système post-bac et la réforme de l’entrée à l’université.
– Fait historique, le personnel des magasins Carrefour se sont massivement mis en grève pour assurer leur avenir.
Le Président Macron veut imposer la destruction de tous les acquis sociaux et de la protection sociale, augmenter les inégalités et enrichir les plus riches (Robin des bois à l’envers), … chaque combat alimente une résistance globale, chaque victoire encouragera à lutter.
Patrice Perret