Le 11 mars, le gouvernement a annulé l’interdiction de l’usage des couverts et de la vaisselle en plastique dans les cantines scolaires. Les déchets plastiques envahissent pourtant tout notre environnement. Jean-François Le Dizès interroge le rôle des lobbies du plastique et des pétroliers dans le revirement du gouvernement.

Quand les lobbies entrent à la cantine

Par Jean-François Le Dizès. Le 14 mars 2025.

La réintroduction du plastique

Le 11 mars, le gouvernement a annulé l’interdiction de l’usage des couverts et de la vaisselle en plastique dans les cantines scolaires. Cela aura des conséquences néfastes tant pour la santé humaine que pour l’environnement. L’emploi même de ces ustensiles va déjà nuire à la santé de ses usagers. Mais surtout, il va provoquer une production de déchets plastiques qui, décomposés en microparticules, touchera la santé de tous. Par exemple, les cerveaux des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer contiennent jusqu’à dix fois plus de ces microparticules que les autres personnes1https://www.geo.fr/environnement/le-cerveau-ferait-partie-des-organes-humains-les-plus-contamines-par-les-microplastiques-221820.

Dans le même ordre d’idée, les sacs plastiques sont interdits en France depuis 2016. Or, faute de contrôle et de sanctions effectués par l’État, force est de constater qu’ils sont toujours utilisés par des commerçants !

Des microplastiques partout

Les déchets plastiques envahissent notre environnement. Par le biais de la chaîne alimentaire, sous la forme de microparticules, ils finissent par arriver dans nos assiettes. Seulement 9% des déchets plastiques sont, au niveau mondial, recyclés. Chaque année, 8 millions de tonnes de plastiques finissent dans nos océans après écoulement dans les cours d’eau2https://www.wwf.fr/sengager-ensemble/relayer-campagnes/pollution-plastique.

La pollution plastique touche aussi les sols : 76 % des sols français présentent une contamination par des microplastiques3https://infos.ademe.fr/economie-circulaire-dechets/2025/microplastiques-une-contamination-potentiellement-importante-des-sols-francais/#:~:text=Les%20r%C3%A9sultats%20%3A%2076%20%25%20des%20sols,mati%C3%A8re%20plastique%20la%20plus%20commune.. L’air en contient aussi et ils contribuent à l’émission de gaz à effet de serre, à raison de 3,4% de la production totale4https://www.unep.org/fr/actualites-et-recits/recit/tout-ce-quil-faut-savoir-sur-la-pollution-plastique#:~:text=En%202019%2C%20les%20plastiques%20ont,%2C4%20%25%20des%20%C3%A9missions%20mondiales..

Une corruption rampante

Compte tenu de ce constat, comment expliquer le revirement du gouvernement qui avait interdit ces ustensiles en plastique deux mois plus tôt ? N’y faut-il pas voir l’ingérence des lobbies du plastique et des pétroliers ?

Le « pantouflage » d’anciens ministres est une pratique courante en France. Les derniers en date sont Baptiste Djebbari, Muriel Pénicaud, Sibeth Ndiaye et Julien Denormandie. Il faut aussi rappeler la nomination de notre ancien premier ministre, François Fillon, au conseil d’administration du groupe pétrolier russe Zaroubejneft peu après son éclipse politique. Aussi, les ministres en exercice savent qu’ils ont tout intérêt à satisfaire les desiderata des lobbies industriels pour assurer leur avenir. Certains lobbies y vont même plus franco en corrompant les personnalités politiques en exercice. Rachida Dati n’est-elle pas mise en examen pour corruption ? À ce sujet, la France a, en 2024, perdu cinq places dans le classement mondial sur la corruption réalisé par l’ONG « Transparency international »5https://transparency-france.org/2025/02/11/la-france-degringole-dans-lindice-de-perception-de-la-corruption-2024-une-alerte-democratique-inedite/.

Au niveau européen, l’ancienne vice-présidente du Parlement européen, Eva Keili, alors en exercice, n’a-t-elle pas été impliquée dans l’affaire du Qatargate ?

Par ailleurs, comme lors des conférences sur le climat, à celle de Busan sur la pollution plastique de 2024, les pays pétroliers ont fait obstruction à tout accord pour s’attaquer au problème.

Ainsi le productivisme et le capitalisme s’opposent à la défense de l’environnement.

Notes