Dans la même semaine, le président du Medef Pierre Gattaz envoyait une lettre aux partenaires sociaux pour proposer un « pacte » de relance des emplois en France et le patron de PSA Philippe Varin « renonçait » à sa retraite chapeau de 21 millions d’euros. Deux faits qui peuvent sembler assez éloignés l’un de l’autre et pourtant !

Le « patron des patrons » comme il est dit, promet 1 million d’emplois sur 5 ans à condition de baisser les dépenses de l’État (qui équivaut à des suppressions d’emplois), de réduire le coût du travail (qui équivaut à termes à une baisse du pouvoir d’achat donc de l’activité), de diminuer la fiscalité sur les profits (qui équivaut à peser sur les moyens de la puissance publique). Autant dire que sa lettre est une profession de foi purement idéologique se réduisant à la traditionnelle incantation de « réconcilier les entreprises et la société française ».

Et Philippe Varin arriva ! Coté réconciliation, il a mieux : 21 millions pour services non rendus, puisque PSA est au bord du gouffre. Certes, grâce essentiellement aux organisations syndicales, l’heureux gagnant a renoncé à son prix. Mais c’est même pire, parce que, sans cette pression, le conseil d’administration de PSA aurait été bien embarrassé, la dite-somme ayant été provisionnée. Et ce, dans un groupe qui dégage des pertes opérationnelles depuis 2012 : au premier semestre 2013, la perte opérationnelle était de 65 M €, soit à peine 3 fois le cadeau au PDG ! Que pense Pierre Gattaz de cela, lui qui veut « réconcilier » ?

Car, il faut rappeler que pressé par le scandale des rémunérations des patrons du CAC 40, le Medef a supplié le gouvernement de ne pas légiférer et de laisser établir lui-même un « code de bonne conduite ». Ce qui fut fait, les pouvoirs publics renonçant évidemment à prendre des mesures (reconfirmé le 27 novembre par l’actuel gouvernement). Le résultat est probant. Un groupe industriel en pleine déroute s’apprêtait à signer un chèque de 21 millions de retraite à son PDG sortant.  Alors pour raccorder cette affaire et la lettre de Pierre Gattaz, il ne reste plus à ce dernier que d’expliquer que, par de telles retraites chapeau, des gens comme Philippe Varin créent des emplois… de valets de chambre, de chauffeurs, de gardien de propriété, etc. Oui sans doute.

Claude Gabriel