Carlos Tavares, président du directoire de PSA, a beaucoup communiqué sur les « résultats historiques » du groupe : hausse des ventes de 6,8%, du chiffre d’affaire de 18,9%, des bénéfices nets de 47% …et, il rend hommage au « travail incroyable de tous les salariés », que, dans sa grande largesse, il récompense par une augmentation des primes. Celles-ci s’élèveront, prime « gilets jaunes » comprise, à 2900 euros nets, pour 100 % de présence ne l’oublions pas : chaque arrêt maladie diminuant  la prime. Sont concernés celles et ceux qui touchent jusqu’à 2 fois le SMIC … Sauf que les actionnaires auront touché 700 millions de dividendes en 2018 et que, pour mémoire, M Tavares perçoit chaque jour une rémunération égale à un an de salaire d’un ouvrier. Sauf que les salaires n’augmenteront que de 30 euros nets par mois. Sauf que PSA s’apprête à fermer 2 sites industriels, ceux de PSA St Ouen en Seine St Denis et d’Hérimoncourt, dans le pays de Montbéliard. C’est respectivement 500 et 200 salariés qui sont menacés.
L’usine d’Hérimoncourt, dite de « Terre- Blanche », est la 1ère créée par Peugeot en 1833.Aujourd’hui on y fabrique des moteurs en petites séries, mais c’est surtout un centre de triage et de recyclage, dans le cadre de « l’économie circulaire », en plein développement .Depuis 2004, PSA y a aussi implanté son centre d’archives.
PSA veut transférer ces dernières activités  sur le site PSA Vesoul, où il a implanté son centre mondial de pièces détachées. Pour améliorer la productivité, le refrain est bien connu ! Les syndicats, par contre, défendent le maintien de l’activité sur le site actuel : de bons résultats, un espace permettant l’extension d’une activité porteuse d’avenir, le savoir-faire des ouvriers .Par contre, si PSA arrive à ses fins, Il ne restera que quelques dizaines d’emplois à Hérimoncourt. Et c’est donc bien la fermeture du site industriel qui se profile.
C’est une catastrophe pour les travailleuses et les travailleurs qui seraient reclassés à  Vesoul, Mulhouse ou Sochaux … Alors que leur vie, ils l’ont construite à Hérimoncourt et environs. Pour la commune de 3700 habitants, c’est un cataclysme, avec les répercussions habituelles sur l’école, les services publics, les commerces, les ressources de la Commune. Et pour le Pays de Montbéliard tout entier une très très mauvaise nouvelle, quand on connait le déclin général des emplois industriels, conjugué à la hausse de l’intérim.
Les salariés ont réagi, dans l’unité syndicale (CGT FO CFDT CFE-CGC) : plusieurs grèves ont eu lieu, très largement suivies, deux manifestations les 11 et le 23 février (opération « ville morte »), réunissant 500 et 800 personnes. Le lundi 11 mars, les syndicats ont bloqué les entrées et sorties des camions à l’usine (sans le soutien de la CGC). Les élus locaux de tous bords soutiennent, alors que certains ont des choix politiques qui les ont amenés dans le passé ou les portent encore dans le présent à cautionner des politiques qui sont les mêmes que celle à l’œuvre aujourd’hui à Hérimoncourt…Et jusqu’à quand va-t-on accepter que l’argent public soutienne, sans conditions, des entreprises qui n’ont que faire de l’intérêt général, et pour seul souci celui de leurs actionnaires ?
Les travailleuses et travailleurs d’Hérimoncourt savent qu’ils ne peuvent vraiment compter que sur eux-mêmes et sur un élargissement du soutien citoyen. C’est possible dans un Pays de Montbéliard où un véhicule sur 3 a arboré un gilet jaune sur son pare-brise … Mais, pas de langue de bois, faire céder PSA, ça ne va pas être facile, et il faut combattre le fatalisme .Dans le cadre de la mondialisation capitaliste, rien n’est simple et, en s’appuyant sur les mobilisations de St Ouen, Blanquefort, Hérimoncourt et d’ailleurs, on sait bien que c’est le système qu’il faut changer…vaste programme !
Véro Bourquin-Valzer