1995 : des souvenirs flous et, en grande partie, faux…
La grève de 1995 contre la réforme des retraites, il y a 28 ans, avait paralysé la France pendant trois semaines. Déjà, les grévistes manifestaient pour le retrait d’une réforme des retraites, celle proposée par Alain Juppé sous Jacques Chirac. C’est devenu une référence évidente et durable.
Une mobilisation, un malentendu à éviter
Quelle analyse gardons-nous en mémoire ?
Avons-nous remporté une « victoire » à l’issue de cette mobilisation de 1995 ? Avec, pour « effet différé », la défaite de Chirac aux législatives de 1997 ?
Cette question n’est pas anodine. Elle contribue à façonner notre compréhension de la structuration des rapports de classe et l’analyse critique des représentations politiques. Celles-ci ont produit le marasme actuel sur les buts à se fixer dans la (re-)mobilisation visiblement en cours, tout spécialement au sujet de la Sécurité sociale.
Un bilan a consisté à dire que, politiquement, c’était une victoire : empêcher, pour la première fois depuis 1983-84, l’offensive néolibérale naissante d’aller jusqu’au bout.
Pour ma part, en reprenant l’analyse, la satisfaction de voir le retour de mobilisations de masse interprofessionnelles me semble avoir masqué le fait décisif. Juppé – encouragé à aller plus loin dans l’éradication « des conservatismes » – a reculé sur des points très voyants, mais le pire a été conservé et géré ensuite par les gouvernements de la gauche.
C’est ce qui explique qu’aujourd’hui, une position de défense et de renforcement qui restituerait à la Sécurité sociale sa place n’est plus comprise. Une grande confusion existe, y compris dans le programme (ou les « mesures ») de la NUPES.
N’hésitez pas à découvrir et discuter cette contribution au débat – « 1995 : une mobilisation, un malentendu à éviter » – qui se présente sous la forme d’une fiche de travail.
Pierre Cours-Salies
Le 5 mai 2023