Retraites : Arguments pour avoir des idées claires

Une mobilisation, évidemment, remet en cause une grande partie de ce qui ne va pas. D’où une impression de cacophonie. La discussion fait bouger, ranime des idées intéressantes. Une grande partie des cultures pour l’émancipation se réveillent ainsi et peuvent se renforcer. Gramsci aurait dit que c’est un des éléments de la bataille culturelle indispensable. Ce fut bel et bien un des effets de novembre 1995. Comme chaque fois, et aussi, sans doute, dans les semaines à venir.

Cela implique aussi la lucidité. Il ne faut pas oublier que le retrait du projet de suppression du statut des cheminots, le 11 décembre, n’a pas empêché Juppé de faire passer une grande partie de son projet entre décembre et avril 1996. La loi du 30 décembre 1995 a autorisé le Gouvernement à réformer la protection sociale par ordonnance. Une série d’ordonnances vont donc alors restreindre les droits à des remboursements, interdire des recrutements de personnels médicaux (refus d’appliquer la loi des 35 heures dans les hôpitaux, mise en place de la Loi PLFSS, augmentation de la CSG, etc.).

Agiter la question des retraites, comme le gouvernement a choisi de le faire, doit nous permettre des exigences de rupture.

Ne nous y trompons pas. Prenons connaissance du document des agents de l’Insee, mobilisés contre la réforme des retraites du gouvernement. « Sans prétendre être les « gardiens de la vérité », nous considérons que le rôle de la statistique publique est d’éclairer le débat public et d’apporter aux citoyens des éléments de compréhension des enjeux sociaux et économiques ». Le Comité est soutenu par les sections CGFT, CGT, FO, SUD.

Quelques démonstrations :

  • Les gains de productivité compensent très largement le vieillissement de la population
  • La part du PIB consacrée aux retraites stagne depuis 10 ans. Elle baisserait même à l’avenir sans réforme, malgré l’augmentation du nombre de retraités
  • Les réformes précédentes ont déjà dégradé le niveau de vie des retraités et le taux de remplacement des salaires
  • Le patronat contribue de moins en moins au financement de la protection sociale

Ainsi, si les patrons payaient les cotisations en proportion de la valeur ajoutée, « une hausse très modérée des cotisations patronales, sans même envisager la suppression de toutes les exonérations de cotisation (estimées à 90 milliards d’euros en 2019), permettrait non seulement d’éviter l’apparition d’un déficit, mais de revaloriser les pensions et d’abaisser l’âge de départ à la retraite ».

Tout cela en 4 pages. Travaillé collectivement, ce document Analyse Retraites n°3 de février 2023 s’accompagne de graphiques, de chiffres et du rappel des « réformes » précédentes.


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