Notre camarade Pierre Khalfa vient de publier un article sur lequel nous souhaitions attirer l’attention. Il s’y attache à confronter l’objectif proclamé du sionisme politique et la manière dont il a été mis en œuvre avec la réalité du judaïsme mondial et celle de la société israélienne.
Sionisme, Israël et judaïsme, entre mythes et réalités
Par Pierre Khalfa, le 29 février 2024.
Être juif, c’est être toujours au côté des opprimés.
Marek Edelman, commandant en second de l’insurrection du ghetto de Varsovie
Les actes terroristes du Hamas et la réaction israélienne, dont l’objectif de plus en plus explicite pour une grande partie des dirigeants israéliens est de provoquer par l’emploi de la terreur un nouvel exode des Palestiniens, avec un risque important de génocide, oblige à revenir sur ce qui est, in fine, à la racine de cette situation : l’objectif proclamé du sionisme politique de créer un État dans lequel tous les juifs puissent se retrouver. Il s’agit donc de partir de cet objectif, de voir comment il a été mis en œuvre, de le confronter à la réalité du judaïsme mondial et à celle de la société israélienne. La thèse défendue ici s’articule sur quatre points : le point de départ du sionisme est le même que celui de l’antisémitisme ; la perspective sioniste ne peut être que de nature colonialiste ; fait colonial à sa création et dans son développement, l’État d’Israël est devenu un fait national et comme tel a le droit à l’existence ; le fait national israélien est cependant contradictoire avec la perspective d’un État dont l’objectif est de rassembler les juifs du monde, ce qui entraîne qu’Israël n’a d’avenir que dans une perspective post-sioniste.
Cette thèse n’est pas particulièrement originale. Elle a été défendue à de nombreuses reprises par nombre d’intellectuel·les et de militant·es. Cependant même à gauche, elle est aujourd’hui peu reprise. Si la critique de la politique des gouvernements israéliens successifs, et en particulier celui de Netanyahou, est monnaie courante, la remise en cause des fondements même du sionisme et celle d’Israël comme État juif, tout en reconnaissant l’existence d’un fait national israélien, est largement passée sous silence. Elle rompt en effet avec l’alternative qui nous est couramment proposée : soit on accepte l’État d’Israël comme État juif, soit on est antisémite. C’est avec cette alternative que ce texte veut rompre.
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