Le gouvernement veut imposer à la SNCF un recul historique des conditions de travail et de sécurité. Ces dernières ont été élaborées, affinées pendant des dizaines d’années, en tirant les conséquences d’incidents et accidents. Les propositions du gouvernement, très en recul par rapport à la situation actuelle (exemples : https://www.ensemble-fdg.org/content/greve-le-9-mars-la-sncf), suscitent une opposition unanime des organisations syndicales nationales CGT, SUD-Rail, UNSA, CFDT (et FO dans les régions où elle est représentative) et des cheminot-e-s qui se sont mis massivement en grève les 9 mars et 26 avril.
Les divergences entre les organisations restent (https://www.ensemble-fdg.org/content/greve-en-reconduction-la-sncf) sur les revendications et les échéances d’action. SUD-Rail a fini par appeler aussi à la manifestation nationale des cheminot-e-s le 10 mai, annoncée par CGT, UNSA et CFDT, pour maintenir l’unité d’action, lorsqu’une interfédérale a admis qu’il s’agissait d’un ultimatum au gouvernement et que, si ce dernier ne cédait pas, une « grève dure » commencerait le 18 mai. SUD-Rail et CGT ont parlé de grève reconductible, l’UNSA ne l’a pas exclue.
La manifestation du 10 mai représentera très probablement un énorme succès, avec des dizaines de milliers de cheminot-es en manifestation de la gare Montparnasse vers le ministère. Mais après ?
La grève reconductible du 18 mai semble remise en cause. Une réunion des syndicats CGT le 3 mai a montré des hésitations devant la confirmation de la préparation d’une grève reconductible, la réussite ce celle de 1995 a été effacée par l’échec de celle de 2014 sur la réforme ferroviaire actant un grand pas vers la privatisation du ferroviaire. Un nouveau calendrier d’actions CGT a fuité dans la presse : grèves de 48 h les 18 et 19 mai, puis les 25 et 26 mai, puis seulement grève reconductible à partir du 1er juin. SUD-Rail a réagi en affirmant que l’énergie nécessaire pour réussir une reconductible serait bien diminuée après 10 jours de grève (en ajoutant celles contre la Loi Travail) ayant déjà fait perdre un tiers de mois de salaire.
La réussite du 10 mai sera-t-elle suffisante pour lever les hésitations des militant-e-s syndicaux ? C’est souhaitable et c’est le bon moment, car une grève conjointe des routiers (à partir du 16-17) et des cheminot-es (à partir du 18) pourrait, dans une période de refus de la loi Travail par une majorité de citoyen-nes, être bien perçue et soutenue par la population, voire représenter l’étincelle attendue pour la grève générale.
Patrice Perret