Ce qui aujourd’hui se déroule sous nos yeux relevait hier de l’impensable. Il faut à présent voir ce que nous voyons, et le penser.
L’offensive du Kremlin a pour objectif de conquérir militairement l’Ukraine. C’est dénier au peuple ukrainien son droit d’être une nation. Poutine a décidé que l’Ukraine ne peut continuer à exister indépendamment de la Russie, avec un État libre de ses choix politiques et de ses alliances.
Pour atteindre ces objectifs : la guerre. Une guerre totale, avec tous les armements dont il dispose, y compris les plus terrifiants : bombardements massifs, dont le seul objet est le plus souvent de susciter la terreur, bombes thermobariques, destruction des infrastructures. Sans compter un terrible siège des villes… Quitte à massacrer la population, détruire le pays et ainsi à aggraver également (destructions et pollutions multiples) une situation déjà très dégradée sur le plan écolo-climatique. Des stratégies de mort déjà mises en œuvre en Tchétchénie puis en Syrie. C’est ainsi que Poutine entend soumettre un « peuple frère » !
Quant à tous les peuples du continent, les voici soumis à un chantage à la guerre nucléaire. Par cette menace Poutine avertit l’Union européenne et l’OTAN de ne pas franchir la ligne rouge qui à ses yeux ferait d’elles des « belligérants » du conflit. Par exemple répondre à la demande du gouvernement ukrainien d’instaurer sur l’Ukraine une zone d’exclusion aérienne.
Pourtant, alors que le pouvoir russe pariait sur un effondrement rapide de l’Ukraine, c’est une admirable et impressionnante résistance à laquelle il se heurte. Du coup des faiblesses apparaissent au sein même des troupes russes, des manifestations d’un grand courage de citoyennes et citoyens russes se multiplient pour s’opposer à la guerre, et peut-être demain des différenciations au cœur du pouvoir.
Le Président Zelenski nous a interpellé : « Ne nous lâchez pas ! »
Toutes et tous nous voici face à un défi, celui de la solidarité avec un peuple ukrainien qui se bat pour sa liberté.
Les mesures humanitaires et l’accueil des centaines de milliers de réfugiés qui fuient la guerre sont évidemment impératives et urgentes. Aux organisations de gauche, politiques, syndicales et associatives d’être parties prenantes dans l’unité pour donner force à cette mobilisation.
Au-delà, obliger à un cessez le feu, contraindre Poutine à renoncer à son entreprise criminelle et à replier ses troupes ne sera pas obtenu par les seules sanctions économiques, nécessaires, ni par l’isolement international de la Russie. Il faut que l’offensive russe soit mise en échec sur le terrain.
Les combattants ukrainiens ont besoin d’armes pour se défendre face à une armée surpuissante, il convient d’appuyer toute mesure répondant à leur légitime demande.
Un peuple en lutte contre une folle guerre d’agression !
Le déclenchement de cette guerre a jeté le monde entier dans la stupeur. De même que les prétendus motifs évoqués par Poutine, qui semble en être le seul décideur, comme « démilitariser » et « dénazifier » l’Ukraine, cela pour éviter un « génocide » de la population russophone.
Cette agression répond à sa hantise que les grands mouvements d’émancipation dans les ex « républiques » vassales de Moscou ne finissent par encourager la révolte du peuple russe contre la dictature qu’il subit.
Certes l’OTAN, instrument de l’impérialisme nord-américain, aurait dû être dissoute au lendemain de la disparition de l’URSS, de même que l’OTSC, sous l’obédience de Moscou. Mais aujourd’hui ce n’est pas un projet d’« annexion » de la part de l’OTAN dont l’Ukraine est l’objet, mais bien d’une opération de conquête de la part du Kremlin. En fonction de quoi, face à une Russie menaçante, l’Ukraine et d’autres pays en viennent à demander leur intégration à l’OTAN !
A ce jour, sur le plan militaire les choses ne se passent pas comme prévu par Poutine. La chute du gouvernement ukrainien dirigé par V. Zelinsky, suite à une « blitzkrieg victorieuse », et son remplacement par une structure aux ordres n’est pas à l’ordre du jour.
Avec un courage impressionnant, l’armée et le peuple résistent.
A l’initiative des travailleuses et travailleurs, la reconversion de la production de nombreuses entreprises pour soutenir l’effort de guerre s’organise. Municipalités, administrations locales, groupes d’habitants prennent en charge la vie quotidienne, le ravitaillement, les soins, les évacuations. C’est en coopération que l’armée régulière et les collectifs d’autodéfense de volontaires agissent. Le gouvernement reste en place.
La responsabilité de toutes les forces de gauche est qu’un vaste mouvement de soutien à la lutte du peuple ukrainien se mette en place pour répondre à ce que celui-ci demande. Il faut aider par tous les moyens possibles le peuple ukrainien à se défendre et à décider seul de son avenir. Et donc en premier lieu exiger – avec le soutien en Russie de celles et ceux qui s’opposent à cette guerre – le retrait des troupes russes de l’Ukraine.
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