Le numéro 17  de Solidarité Kanaky (Octobre 2023) est paru. Au sommaire : En Kanaky-Nouvelle-Calédonie1KanakyNouvelle-Calédonie, 170 ans de colonisation – Projets d’accord et de pacte : l’analyse de Lindépendant – Grève à Bluescope – La Kanaky au Sénat français et à l’ONU – Colonies françaises : une déclaration unitaire. Nous en proposons quelques extraits.

Solidarité Kanaky n° 17 – octobre 2023
En Kanaky-Nouvelle-Calédonie, 170 ans de colonisation

Le dimanche 24 septembre 2023 marque un triste anniversaire : cela fait 170 ans que la Nouvelle-Calédonie vit sous tutelle de la France. C’est en effet le 24 septembre 1853, à Balade, dans l’extrême nord de la Grande terre, que le contre-amiral Febvrier-Despointes prenait officiellement possession du territoire au nom de l’empereur Napoléon III.

Autocollant Souveraineté Kanaky

L’anniversaire de cette prise de possession intervient alors que la Kanaky-Nouvelle-Calédonie se trouve, à nouveau, dans une inquiétante impasse politique. […]

Emmanuel Macron oublie bien commodément que les Kanaks, peuple autochtone de l’archipel, se sont exprimés lors de ces consultations à une écrasante majorité pour la pleine souveraineté de la Nouvelle-Calédonie. […]

Cela fait quarante ans au moins que le peuple Kanak ne cesse de proclamer sa volonté unanime d’émancipation, que ce soit en mettant (ou pas) un bulletin dans l’urne ou en luttant avec acharnement lorsque c’est nécessaire. […]

Si les Kanak subissent encore aujourd’hui la tutelle française, c’est qu’ils ont été mis en minorité sur leurs propres terres depuis le tournant des années 1970 – […]

Selon le droit international, ce sont pourtant bien eux, et eux seuls, qui bénéficient en tant que peuple colonisé du droit à l’autodétermination. […]

Aujourd’hui, les discussions sur le prochain statut du territoire entre indépendantistes d’un côté, État et anti-indépendantistes de l’autre, sont au point mort. […]

Un point en particulier en dit long : le gouvernement veut s’attaquer au corps électoral restreint, une mesure qui permet précisément d’atténuer les effets démographiques de plus d’un siècle et demi de colonisation de peuplement. […]

La réalité de la Nouvelle-Calédonie n’est certes plus la même qu’au temps où une poignée d’indigènes étaient rassemblés sur une plage pour écouter un militaire venu de l’autre bout du monde expliquer qu’ils ne seraient désormais plus maîtres chez eux. […]

Captifs au propre comme au figuré. Depuis l’école, où ils subissent de plein fouet l’échec scolaire, jusqu’à la mort, où on leur refuse même le respect d’un temps de « deuil kanak », comme en 2021 lorsque l’État a forcé la tenue de la troisième consultation. […]

Cette histoire est aussi la nôtre. […] Le projet macroniste n’a rien de « nouveau ». Il a aujourd’hui 170 ans en Kanaky-Nouvelle-Calédonie. Il s’appelle colonialisme. Il est grand temps d’en finir.

Colonies françaises : une déclaration unitaire

Le 22 septembre 2023, à New-York, à l’occasion de la 78ᵉ session de l’Assemblée générale de l´ONU, les représentant∙es de mouvements anticolonialistes de Nouvelle-Calédonie, de Martinique, de Guyane, de Polynésie (française), de Guadeloupe ont rappelé la pertinence des résolutions de l’ONU sur la décolonisation et souligné l’urgence de l’achèvement du processus de décolonisation jusqu’à l’émancipation totale de tous les peuples sous domination coloniale :

« Le soutien aux peuples qui luttent pour se libérer du joug colonial, sur la base des principes fondamentaux du droit international, constitue un devoir sacré du Mouvement des Non-alignés, la seconde plus grande organisation internationale après l’ONU. La rencontre historique de nos organisations, ce représente un acte politique majeur pour les peuples qui souffrent encore de la domination coloniale. Elle nous donne la précieuse opportunité de mettre en commun nos réflexions sur la façon de répondre, solidairement, aux défis multiples qui nous sont posés dans la lutte pour l’indépendance nationale de nos peuples et l’exigence incontournable des réparations légitimes pour les crimes humains, économiques, écologiques, culturels historiquement commis par la puissance coloniale française.

Les mouvements anticolonialistes de Nouvelle-Calédonie, de Polynésie (française), de Martinique, de Guyane et de Guadeloupe, présents à New-York, lancent un appel pressant au monde ainsi qu’aux organisations internationales, y compris à l’ONU, au siège duquel ils sont présents aujourd’hui, pour porter leurs voix le plus haut possible, appuyer leurs efforts en vue de faire respecter leurs droits fondamentaux à la liberté, aux réparations-pilier essentiel de la décolonisation-et au développement, dans l’intérêt supérieur de leurs peuples.

Notamment, concernant le droit à l’autodétermination, nous soutenons fermement la décision du FLNKS de porter la contestation du 3ᵉ référendum devant la Cour internationale de justice, afin que le processus de décolonisation engagé par l’Accord de Nouméa soit respecté.

Concernant la Guyane, la Martinique et la Guadeloupe, nous exigeons que ces pays soient réinscrits sur la liste de l’ONU des pays à décoloniser.

Concernant la Polynésie (française), Maohi Nui, la France qui est rappelée à l’ordre par l’AG des Nations Unies chaque année, pratique la politique de la chaise vide depuis la réinscription de Maohi Nui sur la liste des pays à décoloniser. Nous exigeons que la France s’assoie autour de la table des négociations pour démarrer enfin les négociations du processus de décolonisation comme l’exigent les résolutions de 2013, 2019, 2020, 2022.

Au moment où notre humanité est confrontée aux conséquences majeures du réchauffement climatique et à des menaces inédites qui engagent son futur, nos organisations déclarent solennellement que l’abolition totale du colonialisme et du néocolonialisme ainsi que la construction d’un monde nouveau fondé sur une coopération mondiale entre les peuples, l’égalité, le respect mutuel et la souveraineté des peuples doivent fonder le socle des relations internationales dans le nouveau millénaire que nous construisons. […]

Signataires : Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS) – Mouvement des Jeunes Kanak en France (MJKF) – Parti pour la Libération de la Martinique (PALIMA) – Mouvement des démocrates et des écologistes pour une Martinique souveraine (MODEMAS) – Pour MAOHI NUI (Polynésie – Française) : TAVINI HUIRAATIRA – Maohi Protestant Church – Mouvement de Décolonisation et d’Emancipation Sociale (MDES) – Alyans Nasyonal Gwadloup – Kollèktif Pou Sove Gwadloup – Union Populaire pour la Libération de la Guadeloupe.

Pour lire le bulletin complet en PDF

Drapeau de la Kanaky

Notes