Reprendre la réflexion collective sur l’Europe est nécessaire, car elle est confrontée à des défis nouveaux. Le texte « Une alternative pour l’Europe » pointe donc quelques questions et fournit quelques éléments de réponse issus des discussions au sein d’ENSEMBLE! Nous souhaitons les mettre en débat au sein de la gauche et de l’écologie politique.
À propos du texte Europe
Par ENSEMBLE!, mai 2024.
À l’occasion des élections européennes, il semblait utile de proposer une réflexion collective sur l’Europe au sein d’ENSEMBLE! et, plus largement, dans la gauche. Nous avions le sentiment que cette réflexion était restée en panne depuis déjà longtemps. Nous souhaitions débattre surtout de l’Europe que nous voulons, avec les forces sociales, démocratiques et de lutte de classe, afin que la discussion se noue et progresse.
La question d’une autre Europe restera, bien entendu, posée au-delà des élections.
La campagne qui a démarré ne donne, en effet, guère lieu à des propositions alternatives. Elle reste ancrée dans les débats politiciens franco-français. On y parle bien peu des enjeux stratégiques de la construction d’une alternative en Europe. Tout se passe comme si cette séquence électorale ne devait que reproduire les précédentes (et préparer les suivantes).
C’est en réaction à ces tactiques à courte vue que nous avons tenté, dans ce texte, de mettre en évidence les nouveaux enjeux tout en actualisant les propositions plus anciennes.
Il nous est apparu que des changements considérables venaient bousculer les perspectives stratégiques. Il nous semble important d’essayer de formaliser ce qui fait accord entre nous, y compris avec des formulations interrogatives ou imprécises. Nous avons voulu en faire un outil du débat public.
Nous avons bien conscience des limites de ce texte. Certaines sont les conséquences des débats qui n’ont pas été menés. L’Europe est trop restée l’affaire des spécialistes institutionnels. L’affaiblissement des forums sociaux et d’autres réseaux sociaux et écologiques pèse lourd également.
Nous n’avons plus et nous n’aurons plus affaire à la même Union européenne. Il faut mettre au débat ces évolutions si nous souhaitons avoir une stratégie de transformation de l’Europe. Cette stratégie ne se réduit pas au Parlement et aux institutions européennes.
La ligne directrice de ce texte
C’est la ligne directrice de ce texte. D’autres démarches étaient sans doute possibles, mais nous assumons ce choix.
Il est nécessaire de prendre la mesure de la montée des extrêmes droites en Europe, mais aussi de leurs ajustements stratégiques par rapport à l’UE. Le brexit et ses conséquences, mais aussi la capacité de l’extrême droite à peser sur les politiques européennes (contre le green deal, sur la politique agricole, etc.) modifie leurs stratégies d’opposition absolue. Face à ces forces, mais aussi aux droites dans leur totalité, nous devons offrir des propositions alternatives européennes.
Il nous faut rompre avec un occidentalo-centrisme qui domine jusqu’à aujourd’hui dans la gauche, en particulier française. Le centre de gravité de l’UE s’est pourtant déplacé vers l’est et il est fondamental de prendre en compte ce que disent nos partenaires de l’Europe centrale et orientale. On ne peut faire l’impasse sur les capacités de lutte des travailleurs et des travailleuses de ces pays ni sur leurs inquiétudes légitimes devant les menaces de Poutine.
Enfin, l’Europe est confrontée à la guerre en Ukraine. C’est un élément central de changement en l’Europe. Il nous a paru nécessaire de ne pas en rester à une solidarité de principe, mais de détailler les conséquences de cette guerre. Il faut en tirer des conclusions stratégiques sur la construction de l’UE. L’issue de cette guerre pèsera lourd sur l’avenir de l’Europe.
La mise en perspective d’une Europe démocratique et sociale suppose, par conséquent, de redéfinir les institutions et les relations internationales.
L’utilisation de ce texte ne se limite pas à la période électorale, même si nous pensons qu’il est important de commencer à y mener un débat de fond, par-delà les oppositions concurrentielles d’une campagne trop franco-française.
C’est un texte d’étape.
La réflexion doit continuer au sein d’ENSEMBLE!
Elle doit devenir commune avec d’autres forces politiques, syndicales et des mouvements sociaux, et ceci, à l’échelle européenne.
Nous voulons poser les bases de ce que devrait être un travail européen commun pour l’émancipation.