Plusieurs centaines de membres de l’École des Études en Sciences Sociales (EHESS) ont présenté une motion pour un cessez-le-feu immédiat et durable : aucune instance de l’EHESS n’a accepté de la considérer ou de la soumettre au vote. Ils la publient aujourd’hui en affirmant leur soutien à la mobilisation étudiante et en dénonçant sa répression. Cela nous a semblé d’autant plus nécessaire de la faire connaitre. 

« Pour un cessez-le-feu immédiat et durable à Gaza » par 394 membres de l’EHESS

Par Claude Calame1Directeur d’études, École des hautes études en sciences sociales (EHESS, Paris). Membre du Conseil scientifique d’ATTAC, de la LDH, d’ENSEMBLE! (Paris 11e), de SolidaritéS (Suisse), de SOS-Asile (Lausanne) et du SSP/VPOD, le 5 mai 2024

À l’heure où la Cour internationale de Justice a alerté sur les risques de crime de génocide contre le peuple palestinien à Gaza, où les Nations unies ont produit un rapport accablant sur le sujet, où elles appellent à cesser les ventes d’armes à Israël pour empêcher toute nouvelle violation du droit humanitaire, et ont également condamné la colonisation en Cisjordanie comme crime de guerre, plusieurs centaines de membres de l’École des Études en Sciences Sociales (EHESS) ont demandé à leur institution de se prononcer pour un cessez-le-feu immédiat et durable.

Cette motion [a] été soumise au conseil scientifique, au conseil d’administration et à l’assemblée des enseignants-chercheurs de l’EHESS : aucune de ces instances n’a jugé opportun de la considérer ou de la soumettre au vote. Comment comprendre qu’une institution fondée sur le respect du droit, y compris international, refuse de se prononcer clairement pour un arrêt des massacres en cours ?

Cette expression de solidarité s’inscrit pourtant dans un contexte de guerre où les douze universités de Gaza ont été entièrement détruites ainsi que leurs archives matérielles et digitales, plus de 94 universitaires palestinien·e·s tué·es dans des attaques ciblées de l’armée israélienne, et des milliers de vies étudiantes fauchées, endeuillées, mutilées et privées d’avenir. Nous la portons donc en notre nom collectif, en tant que membres d’une communauté engagée à comprendre le monde dans sa complexité, et à former les générations à venir.  Nous condamnons à ce titre avec fermeté et inquiétude la répression des étudiant·e·s, à l’EHESS et partout ailleurs en France et dans le monde, et la criminalisation de leur mobilisation. Face aux violences institutionnelles et physiques que subissent celles et ceux qui élèvent la voix dans les universités en exprimant leur solidarité avec la Palestine, nous affirmons l’espoir incarné dans cette composante de la connaissance qui fait défaut à notre institution : le courage de la vérité. 

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Notes
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    Directeur d’études, École des hautes études en sciences sociales (EHESS, Paris). Membre du Conseil scientifique d’ATTAC, de la LDH, d’ENSEMBLE! (Paris 11e), de SolidaritéS (Suisse), de SOS-Asile (Lausanne) et du SSP/VPOD