Callac, commune de 2200 habitant·es de centre Bretagne a été choisie par le Fonds de dotation privé « Merci » pour un projet d’accueil de réfugié·es politiques. Baptisé « Horizon » et « basé autour de la réinsertion professionnelle » de réfugié·es bénéficiant d’une autorisation de séjour de dix ans, ce projet vise à redynamiser ce bourg rural.
Tout ce que compte la fachosphère de l’ouest de la France y voit la preuve du « grand remplacement » et Reconquête se place à la tête de cette opposition visant à obliger la mairie à renoncer à ce projet (avec pressions et menaces sur les élu·es qui ont demandé la protection de la police). Reconquête et ses alliés, appuyés par les élus régionaux du RN avaient appelé à un premier rassemblement en septembre. Ils entendaient, samedi 5 novembre, exercer devant l’Hôtel de ville une plus forte pression pour enjoindre le conseil municipal à organiser un référendum sur cette question. L’extrême droite fait de Callac un enjeu national (présence de Gilbert Collard) pour y répandre sa haine raciste.
Un vaste collectif antifasciste regroupant citoyen·nes, associations et organisations syndicales et politiques s’est constitué avec accord de toutes et tous pour l’ « accueil inconditionnel des réfugié·es et migrant·es »et a immédiatement riposté au rassemblement du 17 septembre par une contre-manifestation.
Dans un appel diffusé massivement à se rassembler à Callac le 5 novembre, le collectif antifasciste dénonce : « l’extrême droite qui prétend défendre la ruralité, mais ne se mobilise jamais, comme elle ne défend pas plus les services publics de proximité que le gouvernement Macron s’évertue à détruire. Est-ce que l’arrivée de quelques dizaines de réfugié-e-s avec une carte de séjour créera plus de désordre que les fermetures de services de santé de proximité, notamment les hôpitaux de Guingamp et Carhaix ? Les fermetures de classe dans les écoles du secteur ? La mise en place de grands projets inutiles (exemple de l’usine à Saumon à Plouisy) au profit de multinationales qui saccagent notre environnement ? les difficultés d’accès au logement dues à la spéculation immobilière ?
Ensuite, en Centre Bretagne, nombreux·ses sont celles et ceux qui luttent pour une langue et une culture vivante et populaire. À l’inverse, l’extrême droite s’est toujours viscéralement positionnée contre l’officialisation de la langue bretonne dans la vie publique, sa visibilité et son utilisation au quotidien.
Elle vient ici instrumentaliser le projet horizon à des fins politiciennes pour diffuser son racisme en instaurant un climat de terreur sur la population callacoise et ses élu-e-s. Ces néofascistes ne défendent pas une opinion, mais un projet de société que les résistant-e-s FTP de Callac ont combattu les armes à la main jusqu’à en donner leurs vies. L’extrême droite n’apporte et n’apportera jamais aucune réponse à toutes les problématiques quotidiennes des populations. Au contraire ! »
Ce « front large » antifasciste uni (citoyen·nes, associations, forces syndicales et politiques) a appelé, le samedi 5 novembre, à un contre rassemblement sous forme festive et musicale. La manifestation a rassemblé pas loin de 1 000 personnes (la presse locale dit 800). Elle a donné lieu à de nombreuses prises de parole des élus municipaux, de Visa, Solidaires, CGT, et de plusieurs forces politiques présentes (Ensemble ! , NPA, Gauche indépendantiste bretonne, PCF, FI). On notait aussi la présence de nombreux drapeaux de la Nupes.
Le dynamisme de ces premiers rassemblements antifascistes à Callac et leur succès apportent la démonstration que, dans l’unité, il est possible de faire reculer les idées de haine et de racisme véhiculées par le néofascisme.
Christophe Lemasson
5 novembre 2022