Ce 2 juin, Whirlpool a remis aux services de Lemaire et de Bertrand le résultat de ses négociations avec les sociétés intéressées à devenir employeurs de tout ou partie des 350 salarié.e.s du site de Montières.
L’annonce de la fermeture sèche remonte au 24 janvier. En trois mois se sont enchaînées quatre manifestations dont une en Ile-de-France, et deux semaines de grève avec blocage complet de la logistique de l’usine de sèche-linge. Deux journalistes, Elise Lucet et François Ruffin, ont relayé l’interpellation de l’intersyndicale CFDT-CFTC-CGT-CGC-FO et ont donné à voir les enjeux du bras-de-fer engagé par la multinationale italo-américaine (Envoyé spécial du 26 avril – Whirlpool : les oubliés de la campagne). Le résultat de cette détermination est très significatif.
En février, Bertrand et le ministère Cazeneuve échouaient à simplement prendre langue avec la direction européenne de Whirlpool, aux dires de Gest, le potentat LR qui a succèdé à Robien. Changement complet de posture de l’employeur après l’action des salarié.e.s.
L’employeur a conditionné l’accord intervenu le 5 mai à la signature par les élu.e.s salarié.e.s d’un volet sur l’objectif de production pour l’année en cours. La barre est haute puisqu’elle est à hauteur de 450000 machines, soit l’utilisation à 100% de la capacité des deux lignes de production. Le comité d’entreprise réuni le 31 mai a acté le recours à 150 intérimaires et a adopté la prime d’incitation à la production proposée par l’employeur.
De leur côté, le piquet de grève et l’intersyndicale conditionnaient la levée du blocage des poids lourds à un chiffrage satisfaisant des primes pour licenciement économique : chiffrées à 5 millions d’euros sur la base de la législation en vigueur, l’accord du 5 mai les porte à 14 millions.
L’entre-deux tours des élections législatives verra se tenir un comité d’entreprise extraordinaire : lui seront présentées les résultats obtenus par Whirlpool Indesit pour transférer les contrats de travail à de nouveaux employeurs dans le cadre des obligations de la loi Florange. Un des résultats majeurs de l’intersyndicale est que les 60 salarié.e.s du pôle plasturgie sont intégré.e.s aux obligations de Whirlpool : depuis plusieurs années, leurs contrats de travail avaient été transférés à Prima, une société prestataire.
Quatre mois de discussions incessantes au sein de l’intersyndicale et avec l’ensemble des salarié.e.s viennent donc de faire reculer significativement le numéro 1 mondial du gros électroménager. Cela s’appelle une victoire. Elle a été fêtée 14 mai par un barbecue géant sur le parking des whirlpooliens : dommage que BFMTV n’en ait pas diffusé des images ; la chaîne se serait honorée en effaçant l’indignité de son exclusivité de la mise en scène de Le Pen sur place dans l’entre-deux tours présidentiels.
Correspondant