Notre camarade Pierre Cours-Salies rappelle l’importance de la mobilisation syndicale et associative dans le succès du NFP aux législatives. Mais il souligne la force et le danger que représentent les extrêmes droites. La construction du Front populaire à la base, avec un fonctionnement démocratique, est donc un enjeu majeur.

Faire réussir le Nouveau Front populaire

Par Pierre Cours-Salies. Le 14 juillet 2024.

La création du Nouveau Front populaire (NFP) a modifié la situation, corrigeant les effets des européennes.

Elle a provoqué une vague d’enthousiasme et de mobilisation, particulièrement dans la jeunesse.

Le 7 juillet, quel soulagement ! Les résultats des élections législatives, au deuxième tour, ont été très positifs. Le NFP, grâce au front républicain, a obtenu 193 élu·es. Ce sont 70% des électeur·rices qui ont dit non à l’extrême droite raciste.

Des exigences immédiates, sociales, démocratiques, ont été réaffirmées. Le « Contrat de législature » reprend ce qui s’était exprimé, avant et pendant la séquence électorale, dans des appels unitaires intersyndicaux, associatifs1Voir « Répondre aux urgences de la société ». Beaucoup sont parties prenantes du NFP. Les forces sont donc présentes pour construire la nouvelle phase des mobilisations.

Bien connaître nos adversaires et nos ennemis

Parmi les adversaires, à droite, n’oublions pas celles et ceux qui ont exprimé leurs choix : plutôt le RN que le Front populaire. Un air connu, historique ! Aujourd’hui amplement soutenu par les milliardaires, maîtres d’une grande partie de la presse.

Il suffit de les voir pour comprendre qu’on ne peut gouverner un changement de la société avec seulement 31% des député·es.

Des arguments surévaluent l’importance des erreurs politiques de Jean-Luc Mélenchon et de quelques personnes de ses proches. Cela relèvera de discussions sur l’avenir des gauches… Rien à voir avec les enjeux réels et actuels. Mais ces adversaires sont haineux et prêt·es aux alliances à leur droite.

Les ennemis les plus dangereux sont les extrêmes droites racistes qui représentent 10 millions de voix, passant de 89 député·es à 143 (en comptant les ciottistes). Contre ces réactionnaires, il faut intensifier des campagnes politiques. Faire comprendre le lien entre leur volonté d’apparence lisse dans les Assemblées et leurs groupes d’intimidation violents. Ce danger appelle des explications et des informations sur leurs exactions depuis au moins une vingtaine d’années.

N’oublions pas que la « dédiabolisation » s’est traduite dans les faits : 30 % des électeur·rices LR du premier tour ont préféré un candidat du RN au second contre un du NFP. Les paroles racistes se sont multipliées, encouragées…

Nous devrons soutenir et relayer hors des entreprises les moyens que les syndicats développent pour faire tomber les masques « revendicatifs » du RN.

Construire le Nouveau Front populaire dans l’action.

Les résistances des partis de la droite devant un gouvernement du NFP traduisent un refus des changements sociaux. Ce, même quand certains sont voulus par une majorité écrasante de la population : la réforme des retraites, les embauches dans les services publics, les salaires, les personnes au-dessous du seuil de pauvreté, etc.

Il est légitime que le Nouveau Front populaire désigne le Premier ministre, compte tenu du nombre de ses élu·es.

Certes, on ne gouverne pas un pays avec 31% des député·es.

Le soutien des syndicats et des associations au gouvernement sera indispensable. Les forces politiques du centre droit et de la droite auront le choix entre le laisser fonctionner ou provoquer son renversement, alors que beaucoup de leurs électeur·rices ont voté contre le RN.

Commencer les mesures prévues pour les premiers mois du « Contrat de législature ». Discuter du reste au Parlement et en organisant les débats dans tout le pays. Des mois d’action. Des mois pour renouer avec la démocratie effective.

Pour dépasser ces difficultés, il importe que se développe la nécessaire mobilisation populaire afin que l’on ne nous vole pas notre victoire, comme le dit Sophie Binet.

Cette mobilisation passe par la construction du Nouveau Front populaire

Pour que les forces qui ont retrouvé un horizon d’espoir soient pleinement mobilisées, qu’elles se développent et consolident le NFP, il n’y a pas de miracle. Comme les syndicalistes le disent, il faut que chacun·e se sente chez soi. Il faut donc des assemblées locales et des adhésions directes. Les organisations politiques doivent toutes s’y impliquer.

Il ne faut pas se limiter à des « Assemblées de base » qui élargiraient à peine l’entre-soi dans lequel sont trop souvent enfermé·es les militant·es.

Puisque la campagne a été marquée par de nombreuses paroles racistes, islamophobes, antisémites, homophobes, décomplexées et par de nombreuses violences, l’heure est au rassemblement et à l’apaisement. Et à prendre les moyens pour faire échec à l’extrême droite.

Chacun des objectifs des premiers mois du « Contrat » doit être discuté, afin de multiplier le nombre de celles et ceux qui peuvent contribuer aux mobilisations.

Chacun·e voit quel encouragement vient du soutien apporté par l’intersyndicale2Déclarations intersyndicales du 2 juillet (Battre l’extrême droite et gagner le progrès social !) et du 11 juillet (Les exigences sociales doivent être entendues !).

Chacun·e voit aussi combien il est important que les associations de solidarité, comme les groupes écologiques et les réseaux de défense des libertés prennent toute leur place au sein du NFP. Et nous nous réjouissons de la demande des militant·es des quartiers populaires d’en être membres3Pas de NFP sans quartiers populaires.

Des rassemblements sur des thèmes qui semblent trop souvent oubliés (les handicapé·es, les « aides à domicile », les droits démocratiques dans la presse, etc.) peuvent jouer un rôle décisif en construisant une culture de la solidarité.

Démocratiser la démocratie est un gage de consolidation pour le Nouveau Front populaire ; car le but et le chemin de l’émancipation ne se séparent pas.

Reposer la question de la recomposition des organisations politiques…

Toutes les organisations de gauche sont bousculées. C’est heureux ! Cela change.

Réussir le Nouveau Front populaire peut, après des années, permettre de sortir des conflits électoralistes. Et des intérêts d’« appareils » qui démoralisent et découragent celles et ceux qui voudraient bien avoir un moyen pour discuter et agir.

Celles et ceux qui veulent participer au NFP doivent pouvoir en devenir membres. La construction du Nouveau Front populaire doit permettre l’expression de diverses opinions, ne doit laisser personne à l’extérieur.

Toutes les organisations, réseaux militants, appels unitaires syndicaux, écologistes, antiracistes, féministes, altermondialiste sont invitées à y participer.

Il y aura peut-être divers « courants » dans le Nouveau Front populaire. Dès lors que l’accord existe sur le Contrat de législature, cela donne le temps d’agir en commun et de débattre.

Consolider le Nouveau Front populaire et recomposer une organisation politique d’émancipation se complètent et ne s’opposent pas. Pour cela, il faudra remettre en chantier un projet commun de transformation de la société, en France, en Europe, dans le monde.

ENSEMBLE! participe déjà, depuis de nombreux mois, à de nombreuses réunions et initiatives.

Quelques mois d’actions et de discussions sont devant nous, toutes et tous4Notre organisation, ENSEMBLE!, s’est fixé une Assemblée générale sur ces questions pour novembre prochain.

L’avenir vaut bien ça !

Notes