Nous avions publié une première contribution de Pierre Rousset1Israël-Palestine : La situation en France et la nécessaire solidarité internationale – Réflexions et débats – Partie I sur les notions de catastrophe humanitaire, occupation, solidarité judéo-arabe et internationalisme. Trois semaines plus tard, il repart du présent, en donnant la parole aux actrices et acteurs les plus concernés (en Palestine, en Israël, à l’international). Il tente de dessiner un possible horizon progressiste à la crise.
Israël-Palestine : La spirale génocidaire, la recherche d’un horizon progressiste et la solidarité internationale – Réflexions et débats – Partie II
Par Pierre Rousset. Publié sur le site Europe Solidaire Sans Frontières, le 28 novembre 2023.
Introduction à la partie II, 26 novembre 2023
Pour mémoire, j’avais été invité à présenter, le 21 octobre dernier, une contribution à un échange qui s’est tenu aux Philippines sous l’intitulé « Israel-Hamas conflict : an Online Forum » (« Conflit Israël-Hamas : un forum en ligne »), avec pour modératrices Yennah Torres, de Tripod/Mihands, et Cora Fabros, du International Peace Bureau (Bureau international de la Paix)2https://ipb.org [2]. Une autre invitée internationale, palestinienne, avait introduit, en début de session, la situation à Gaza et son arrière-plan historique, mais n’a pas pu rester au-delà. Les autres participant.es représentaient généralement des organisations actives à Mindanao.
Je devais présenter la situation en France vis-à-vis du conflit israélo-palestinien et les enjeux de la solidarité internationale. La version écrite de mon intervention au forum a été considérablement développée et elle n’a déjà été mise en ligne que pour moitié, traitant la question française, faisant le point de la situation à Gaza, en Israël, en Cisjordanie et à Jérusalem-Est. Elle a été précédée d’une introduction abordant une série de questions de fond (dont la notion de crimes de guerre, la distinction entre civils et combattants, ou l’éthique militante).
Il est évidemment préférable d’avoir lu la première partie avant de s’attaquer à la seconde. Cependant, même dans ce cas, je ne peux pas présumer que la lectrice ou le lecteur va se rappeler tout ce qui y a déjà été écrit. Je me répéterai donc, parfois, à dessein. Quant à la situation, elle ne finit pas de s’aggraver et l’on va commencer par tenter de mesurer à quel point.
Je rappelle d’emblée que n’ai pas de qualification particulière pour traiter du Moyen-Orient, même si cette question a nécessairement fait partie de mon histoire militante, vu la génération à laquelle j’appartiens. Un bref passage à Beyrouth durant la guerre civile ou la participation à un camp international de solidarité organisé par le Fatah en Jordanie ne font pas expertise.
Les principaux éléments d’analyse (et de ressentis) sont présentés par des Israélien·nes, des Palestinien·nes et des Arabes, des Juifs et Juives, des membres des mouvements de solidarité, des journalistes et chercheur·euses… Elles et ils sont à nouveau longuement cité·es. Ce sont elles et ils qui donnent sa véritable substance à cette contribution, ce qui explique l’ordonnance un peu inhabituelle du texte, les citations étant usuellement bien plus brèves.
Le 7 octobre et Gaza – une onde de choc profonde et durable
Quel jour retiendra-t-on dorénavant pour dater les débuts de la crise en cours si ce n’est le 7 octobre 2023 ? La page du 7 octobre ne peut pas être tournée comme si elle n’avait qu’une importance éphémère. Un mois après, ce qui était une évidence se voit confirmer dans un texte assez remarquable écrit le 8 novembre 2023 par Haggai Matar.
Haggar Matar est israélien et l’on comprend qu’il ressente si profondément le choc du 7 octobre, cependant, le Hamas a aussi placé le mouvement palestinien et la région arabe à une brutale croisée des chemins dont les implications internationales sont encore difficiles à percevoir. De plus, Haggar Matar est le directeur exécutif du magazine +972, qui mène depuis 13 ans un combat pour la reconnaissance des droits de Palestiniens. Cette publication, considère-t-il, reste aujourd’hui encore « la principale voix médiatique » du mouvement où des « Palestiniens et [d]es Israéliens sont déjà en train de s’organiser et d’élaborer des stratégies pour mener le combat de leur vie. Cette terrible période mettra à l’épreuve l’humanité de tous ceux qui œuvrent pour un avenir meilleur sur cette terre ». Il constitue une « plateforme désespérément nécessaire où les journalistes et les militants palestiniens et israéliens peuvent rendre compte et analyser ce qui se passe, guidés par l’humanisme, l’égalité et la justice ».
À lire Haggar Matar, le 7 octobre apparaît comme un « événement global » par son impact propre et par ce qu’il a mis en lumière.[…]
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Notes
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