« Le colonialisme est un crime au profit du capitalisme français »
Les propos tenus par E. Macron à la télévision algérienne sur le colonialisme en tant que « crime contre l’humanité » ont suscité un débat virulent, des condamnations à droite et des précisions juridiques ou des silences à gauche.
Nous rejetons les conceptions de la droite et de l’extrême-droite nostalgiques du colonialisme au point de le considérer comme un « échange de cultures », niant l’asservissement des sociétés colonisées, considérant l’histoire française comme un « roman national » contraire à toute science historique, voulant obliger les enseignants à évoquer un pseudo-aspect « positif » de la colonisation…
De très nombreux actes du colonialisme français, parfaitement documentés, répondent à la définition de l’article 212-1 du Code pénal sur les crimes contre l’humanité. Cependant, la caractérisation juridique du colonialisme est secondaire, il s’agit d’abord de reconnaître son caractère criminel et d’en comprendre les conséquences.
Le colonialisme, c’est l’asservissement et la déstructuration des sociétés colonisées, ce sont des politiques de dépossession (destructions innombrables, spoliation des terres, l’imposition de monocultures…) et des massacres innombrables. Le colonialisme a profité au capitalisme français économiquement, mais également socialement en accordant des privilèges aux colons, même quand ils étaient pauvres. Il a ainsi augmenté ses marges de manœuvre pour lâcher du lest aux travailleurs du continent grâce aux surprofits enregistrés.
C’est pourquoi E. Macron ne peut pas porter une véritable critique contre le colonialisme comme le prouve son « pardon » pour ses paroles lors de son meeting de Toulon. Approfondir la question aurait signifié s’attaquer aux racines mêmes d’un système capitaliste français dont il est un pur produit et un champion.
« Il faudrait d’abord étudier, écrivait Aimé Césaire en 1955, comment la colonisation travaille à déciviliser le colonisateur, à l’abrutir au sens propre du mot, à la dégrader, à le réveiller aux instincts enfouis, à la convoitise, à la violence, à la haine raciale, au relativisme moral ».
Nous ne voulons pas oublier les guerres que les gouvernements français ont menées, de 1945 à 1962, contre les peuples qui voulaient leur indépendance.
Le mouvement ouvrier, le mouvement social et écologique, la gauche politique doivent se confronter à la réalité du colonialisme français, à ses conséquences sur la société en termes de racisme structurel, à ses survivances sur le territoire de l’État français et à l’international (particulièrement en Afrique). La question n’est pas accessoire, elle est au cœur de toute politique d’émancipation.
ENSEMBLE! considère le colonialisme comme un crime au profit du capitalisme français et soutient l’Appel pour la reconnaissance des crimes coloniaux commis par la France.
Équipe d’Animation d’ENSEMBLE!
23 février 2017