Notre camarade globe-trotter militant – qui est allé à plusieurs reprises dans l’archipel comorien – réagit, dans ce court article, aux dernières annonces de Darmanin sur Mayotte, en particulier à celle sur le droit du sol. Nous vous faisons partager son point de vue.

Les « coups de com » de Darmanin sur Mayotte

Par Jean-François Le Dizès, le 17 février 2024.

Les Comores en 1999

Quand je suis allé aux Comores en 1999, l’île d’Anjouan avait fait sécession. Elle réclamait, à l’image de Mayotte, son rattachement à la France. En effet, déjà à cette époque, grâce à l’apport financier de la France soucieuse d’y maintenir une base navale, Mayotte jouissait d’une qualité de vie bien supérieure à celle des autres îles de l’archipel et faisait figure de miroir aux alouettes. L’immigration clandestine d’Anjouanais vers Mayotte battait déjà son plein.

Mayotte en 2023

Quand je suis allé à Mayotte en avril 2023, le nombre de Comorien·nes présent·es avoisinait celui des Mahorais·es. J’ai pu constater qu’un très grand nombre de Comorien·nes logeait dans des bidonvilles, que beaucoup travaillaient au service des Mahorais·es et que ces dernier·ères se plaignaient de l’insécurité provoquée par l’immigration.

C’est alors que le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin – pour soi-disant s’attaquer à l’insécurité – a lancé son opération Wuambushu. Elle consistait à démanteler ces bidonvilles, considérés comme des repères de clandestins délinquants. Il était prévu, soit de reloger sur place, soit d’expulser vers les Comores les personnes délogées.

Compte tenu des démantèlements passés, de la dimension de ces bidonvilles, du manque de logements libres, du fait que 80% des expulsé·es vers l’île voisine reviennent1Selon CIMADE-Mayotte, de nombreuses personnes m’avaient affirmé que cette opération n’était qu’un « coup de com ».

Les fausses solutions de Darmanin

Début 2024, en annonçant une seconde opération Wuambushu, Darmanin ne peut que reconnaître l’échec de la première. De plus, en promettant la suppression du droit du sol pour les Comoriens nés à Mayotte, il veut nous faire croire que cette mesure dissuadera les Comoriens de migrer à Mayotte.

Alors qu’à Mayotte la qualité de la vie est celle d’un pays développé, que les Comores sont le 156ᵉ pays sur 190 dans le classement mondial de l’Indice de Développement Humain (IDH)2https://www.undp.org/sites/g/files/zskgke326/files/2023-02/hdr2021-22frpdf.pdf, seul le rapprochement des qualités de la vie entre les deux entités pourra arrêter ces migrations dont le parcours est si court !

De fait, le problème de Mayotte découle de sa séparation politique du reste de l’archipel en 1976.


Pour compléter, vous pouvez consulter les précédents articles de notre site :

 

Notes