À Briançon, faute d’hébergement d’urgence assuré par l’État, la structure d’accueil de migrants Les Terrasses solidaires ne parvient plus à héberger dignement les nouveaux arrivants. Elle a décidé de fermer !1Pourquoi la structure d’accueil de migrants à Briançon va fermer

Par Jean-Paul Leroux – Le 3 septembre 2023

Les Terrasses solidaires ont provisoirement fermé
Réactions et commentaires du Syndicat policier « Alliance », du Maire de Briançon, de la Commission pastorale des migrants du Diocèse Gap-Embrun, et de Tous Migrants des Terrasses Solidaires.

Les acteurs du briançonnais ont tous pris conscience que la politique migratoire style Macron-Darmanin est en faillite.

Point de vue du syndicat « Alliance »

Ainsi le syndicat de policiers très, très à droite « Alliance » écrit, dans un communiqué du 29 août 2023, que « les policiers sont épuisés par l’augmentation exponentielle du flux migratoire », « malgré les non-admissions effectuées nuit et jour par nos collègues, les migrants ayant fait l’objet de ces procédures tentent inexorablement de franchir la frontière franco-italienne » et faut-il ajouter réussissent à passer !

Ainsi, ce syndicat confirme l’adage des maraudeurs « Plus il y a de forces de police, plus il y a de migrant·es qui passent ». Le secrétaire départemental conclut que les policiers hommes et femmes font « face à une perte totale de sens de leur métier » ! On comprend ainsi que la politique migratoire actuelle est un non-sens !

L’avis du maire de Briançon

Arnaud Murgia le Maire de Briançon, élu d’une droite très décomplexée, pense que « Tout le monde doit revenir à la raison. On ne peut pas imposer ce flux migratoire aux Briançonnais. Je suis satisfait de la fermeture du Refuge et je m’opposerai à sa réouverture.

C’est à l’État de s’occuper seul de ce dossier, car la situation a dérapé. Le flux migratoire s’est amplifié parce qu’une poignée de militants a construit un canal de l’immigration illégal. »

Il est clair qu’il ne s’applique pas à lui-même l’appel à revenir à la raison ! En effet, penser que l’augmentation du flux migratoire est dû à un appel d’air crée par une poignée de militants, c’est confondre causes et effets, ce qui d’après Nietzsche est la perversion absolue de la raison ! Le déni du réel est patent !

La position de la Pastorale des migrants

Quant à la Commission Pastorale des migrants du Diocèse de Gap-Embrun, elle souligne que « depuis le mois de mai, « Refuges Solidaires » appelle à l’aide. Aucune autre réponse n’est venue des pouvoirs publics que celle de l’annonce des renforcements de contrôles à la frontière, ou de rappels de certains articles de la législation promettant sanction à toute personne facilitant les passages de clandestins aux frontières, omettant quelque autre article rappelant le devoir de venir en aide à toute personne en danger. »

Et elle ajoute : « Il est plus que nécessaire d’ouvrir un lieu public d’accueil digne. La République française le fait admirablement pour les réfugiés du conflit ukrainien, et cela est à son honneur. N’aurait-elle pas la capacité de le faire face à cette réalité migratoire ? »

Cette interrogation souligne la faillite de la politique Macron-Darmanin et indique la possibilité d’une autre politique migratoire.

Les Terrasses Solitaires (dont Tous Migrants est une des associations membres du CA) subissent, de plein fouet, les inconséquences de la politique migratoire. Le 1ᵉʳ septembre, elles ont donc publié le texte ci-dessous :

Le Conseil d’Administration des Terrasses Solidaires a décidé de fermer provisoirement les portes du bâtiment le 30 août 2023. L’activité d’hébergement d’urgence de Refuges Solidaires est réalisée sous tentes sur un terrain prêté temporairement par la Paroisse de Briançon (Hautes-Alpes).

Avec 315 personnes recensées le 28 août dans le bâtiment homologué pour 81 places et pensé pour 65 couchages, les conditions de sécurité et de dignité ne pouvaient plus être maintenues. Devant l’arrivée croissante de personnes exilées qui traversent la montagne depuis l’Italie, le tiers-lieu des Terrasses Solidaires décide de suspendre l’accueil de public dans ses locaux du 34 route de Grenoble à Briançon.

Depuis mi-mai 2023, l’association d’hébergement d’urgence Refuges Solidaires héberge entre 120 et 240 exilés par jour. Depuis deux semaines, 30 à 50 personnes frappent à la porte chaque nuit, parfois plus d’une centaine.  Les pouvoirs publics ont été alertés dès l’origine de la crise et à plusieurs reprises, mais persistent à refuser d’ouvrir de nouvelles places d’hébergement d’urgence.

Les personnes exilées accueillies sont extrêmement vulnérables : une dizaine de femmes avec bébés et jeunes enfants, ainsi que des mineurs non-accompagnés (MNA) représentant près de 40% de la population hébergée. L’hôpital et l’équipe de Médecins du Monde soigne près d’un exilé sur deux, notamment de nombreuses pathologies liées à de longues marches (plaies, contusions, douleurs musculaires et articulaires).

Depuis le 30 août, les exilés sont hébergés sous tentes par la paroisse Sainte Catherine de Briançon. Les malades, femmes et enfants sont placés en sécurité dans une salle paroissiale.

Refuges Solidaires et Terrasses Solidaires remettent l’État face à sa responsabilité en déplorant que celui-ci n’ait toujours pas mis en place de Dispositif d’Hébergement d’Urgence comme la loi le prévoit. Quand les autorités prendront-elles la mesure d’une réponse adaptée à cet enjeu humanitaire ?

Nous sollicitons votre aide et de votre soutien  ! Merci de consulter les sites des Terrasses et de Refuges Solidaires pour mieux répondre à nos besoins humains, matériels et financier.

Les Terrasses Solidaires

Manifestation "Tous migrants" © Nicolas Fraciacomo

Manifestation  « Tous migrants » © Nicolas Fraciacomo

Nous avons affaire à une construction en poupées russes : je fais partie de Tous Migrants qui font partie des Terrasses solidaires qui travaillent en bonne entente avec la paroisse de Briançon qui est en partie incluse dans la Pastorale des migrants sous la houlette de l’évêque de Gap.

Nous avons appris que le Pape doit venir à Marseille présider (au Stade vélodrome, si, si !) un grand « raout » sur la situation en Méditerranée et donc appuyer les efforts en faveur d’une migration digne.

Ce n’est pas une visite d’État (Vatican-France) mais une visite papale en son diocèse de Marseille.

Le pape n’a pas de « divisions » mais encore une force de frappe médiatique. Ainsi, la presse locale (pour le moment) reprend des déclarations d’hommes politiques italiens en faveur d’une nouvelle politique migratoire manifestement inspirées du pape.

Meloni (première ministre italienne) est plus que très mal sur ce dossier. Elle a une double pression : celle de ses mandants, racistes et xénophobes versus celle d’une partie du monde patronal qui a besoin de la main d’œuvre étrangère.

De plus, la mobilisation est appuyée par toutes les forces militantes pro-migrants dont les « no borders » italiens très forts sur la frontière et qui n’hésitent pas, chaque été, à affronter physiquement la PAF française à Montgenèvre !

Je laisse de côté l’intervention du monde universitaire et en particulier le labo Migrinter basé à Poitiers. Sans oublier tous et toutes les copines en thèse, sur Grenoble principalement. Tout ce beau monde est très présent sur la frontière, et aussi aux Terrasses Solidaires.

Notes