Le mardi 28 mars 2023, l’Assemblée nationale, à la suite de nombreux États et institutions internationales, a adopté, à la quasi-unanimité, une résolution portant « reconnaissance et condamnation de la grande famine de 1932-1933, connue sous le nom d’Holodomor, comme génocide ».

Les « insoumis » et les communistes n’ont pas voté cette résolution. Les uns, arguant qu’il y avait des doutes sur le fait de savoir « s’il s’agissait d’exterminer le peuple ukrainien en tant que tel » (Bastien Lachaud) et donc sur le caractère génocidaire des évènements, ont refusé de prendre part au vote. Les autres, disant « refuser de contribuer à la politisation des enjeux de mémoire et d’histoire » (Jean-Paul Lecocq), ont voté contre.

L’Holodomor qui signifie « famine » ou « mort par la faim », désigne la grande famine qui s’est abattue sur l’Ukraine. Il est considéré en Ukraine comme un génocide et commémoré comme tel le dernier week-end de novembre : en Ukraine, drapeaux en berne, pays figé dans le silence le samedi à 14h, ailleurs dans le monde, bougies aux fenêtres…

La collectivisation forcée prend place dans une rupture radicale avec la NEP instaurée par les bolcheviks au sortir du « communisme de guerre », une libéralisation de l’économie entre 1922 et 1927 qui avait permis un redressement spectaculaire.

Staline, qui a défait les oppositions, impose à partir de 1930 ce qui fut appelé le « Grand tournant » : mise en œuvre du 1er plan quinquennal (adopté dès 1928) et surtout – le premier en date des crimes du stalinisme – collectivisation forcée de l’agriculture dont on attendait qu’elle finance l’industrialisation grâce aux exportations.

Dans un contexte de résistance de la paysannerie qui cache les grains, se révolte et entame un exode vers les villes, le régime, malgré des reculs provisoires et des aides dérisoires dans le contexte, persiste dans une répression de masse et poursuit les exportations. Retour aux réquisitions armées, confiscation de tous les stocks, même des semences, déportations, exécutions, ce qui aboutit à un début de famine dès l’été 1932 et à une famine généralisée dans l’hiver 1932-1933. Elle sévit notamment en Ukraine, dans le Kouban et au Kazakhstan. Avec comme résultat des millions de morts sur l’ensemble de l’URSS dont environ 3,5 millions pour la seule Ukraine.

Si l’unanimité est de mise sur les origines et les conséquences désastreuses de la collectivisation forcée, ainsi que sur la responsabilité de Staline – les décisions sont prises par lui et ses représentants en Ukraine – la qualification de ce crime comme génocide fait débat. Certains nient qu’il y ait eu une intentionnalité particulière visant l’Ukraine. Mais le fait que Staline envisage le plus souvent dans ses courriers à la fois la résistance paysanne et la question nationale milite pourtant en faveur d’une telle interprétation. De même que la violente répression contre les élites culturelles ukrainiennes et, sur le plan culturel, le coup d’arrêt mis à la diffusion de la langue ukrainienne.

Au-delà de ces éventuels désaccords, l’essentiel est ailleurs. L’Holodomor est non seulement un enjeu de mémoire et un enjeu d’histoire, mais aussi, dans le contexte de la guerre en Ukraine, un enjeu politique auquel le vote de l’Assemblée nationale ne saurait échapper.

Les député·es LFI au Parlement européen ayant voté une résolution portant reconnaissance de l’Holodomor comme génocide((« Le Parlement européen reconnaît l’Holodomor, la famine ukrainienne des années 1930, comme un génocide », Le Monde, 15 décembre 2022.)) – ce dont nous nous félicitons – pourquoi les députés LFI à l’Assemblée nationale n’ont-ils pas fait de même, surtout dans le contexte de la guerre d’agression que subit le peuple ukrainien, plutôt que se réfugier dans un peu courageux « ne prend pas part au vote » ?

Et comment comprendre – pire encore – le vote « contre » de leurs collègues communistes ?

Recrutement pour les coopératives

« Pas encore membre de la coopérative – Alors inscris-toi immédiatement !

Commission internationale d’ENSEMBLE!
19 avril 2023


Pour compléter, vous pouvez lire sur notre site :