Nous publions, ci-après, un communiqué sur la situation après le séisme du lundi qui a touché plusieurs régions (à majorité kurde) entre la Turquie et la Syrie. Ce texte a été rédigé par « La Commune internationaliste du Rojava ». Certain·es connaissent peut-être mal la situation dans cette région du monde et peuvent s’interroger : « Pourquoi le Rojava ? ». Un article peut leur apporter quelques éléments de réponse : « Rojava, une expérience singulière dans une région en guerre »
Initiée en 2017, la Commune internationaliste du Rojava (CIR) est un collectif auto-organisé basé à l’Académie internationaliste Sehid Helîn Qerecox à Derîk, au Kurdistan syrien.
Elle y organise des formations sur la société, l’histoire de la révolution, des débats politiques et des cours de langue. Les volontaires internationaux qu’elle accueille – pour la plupart occidentaux, de différentes sensibilités politiques – viennent aider concrètement la révolution. Elle est soutenue par les YPG/YPJ (Unités de protection du peuple). Elle a notamment initié plusieurs projets écologiques dont le principal Make Rojava Green Again a pour but de contribuer à la reforestation du nord de la Syrie.
Au-delà de l’émotion – très légitime – la CIR rappelle qu’il « est important de souligner certains aspects de la situation afin de comprendre ce qui se passe ici.
Les régimes syrien et turc utilisent la tragédie qui a frappé des milliers de personnes pour placer leurs pions sur l’échiquier géopolitique. En Turquie, le gouvernement AKP MHP utilise la crise actuelle pour faire campagne pour les élections et pour supprimer une fois de plus les voix dissidentes. La mise en place d’une hotline pour dénoncer ceux qui critiquent l’incapacité de l’État à aider sa population en est l’exemple le plus écœurant. Le blocage de Twitter en Turquie illustre cette volonté constante de museler la population.
Il nous semble également nécessaire de rappeler que les populations touchées, que ce soit sur le territoire syrien ou turc, sont majoritairement kurdes. Dès lors, la négligence des États en matière de normes de construction doit être dénoncée (surtout après les nombreux scandales de corruption dans le secteur immobilier qui ont éclaboussé le gouvernement AKP MHP). »
Et la CIR continue en nous invitant à « porter un regard politique sur la situation. Ce qui arrive aujourd’hui n’est pas un événement naturel, déconnecté de la façon dont est organisée la société, dont les lignes de fracture nationalistes et racistes divisent les peuples, dont l’économie capitaliste privilégie le profit au bien-être, dont les politiques des états-nations sont guidées par le court-termisme et l’électoralisme. (…) Les responsabilités passées, présentes et futures ne peuvent être effacées sous couvert d’une vision humaniste qui n’a jamais existé, aux yeux des régimes politiques dans les états-nations de la région et du reste du monde. »
Le communiqué de la « Commune internationaliste du Rojava », daté du 8 février 2023, est à lire ici : Une catastrophe naturelle, indissociable de ses tenants politiques.
Pour compléter, vous pouvez lire sur notre site :
et sur celui du Rojava Information Center :