Au Portugal, le résultat électoral est sans appel. La droite sort gagnante devant le PS et les fascistes de Chega qui sont à égalité de sièges. De fait, le PS est le grand perdant de ces élections. Nos camarades du Bloc de gauche réalisent le pire score de leur histoire.
Portugal, grave défaite de la gauche
Par François Preneau. Le 19 mai 2025.
« La gauche a subi une grande défaite, le Bloc a subi une grande défaite ce soir et il est important que nous reconnaissions cette défaite en toute humilité et ouverture. Parce que la reconnaître est le premier pas pour réfléchir ensemble à ce que nous devons faire », a déclaré hier soir Mariana Mortàgua, coordinatrice nationale du Bloc de gauche et désormais son unique députée. « Je veux donner une garantie à toute la gauche portugaise : le Bloc de gauche est là, nous sommes tous là », a-t-elle ajouté, interrompue par les applaudissements des militants.
Le résultat électoral est en effet sans appel. La droite sort gagnante avec 37,2% des suffrages et 89 députés, devant le PS et les fascistes de Chega à égalité de sièges (58). Le PS – avec 23,4% des voix – devance toutefois l’extrême-droite (22,6%). Chega progresse de 4,5% par rapport à 2024, l’AD – la droite – de 3,2% tandis que le PS recule de 5,3%.
Les autres partis de gauche reculent également. Le PCP-CDU perd 0,3%, avec 3% et trois élus. Nos camarades du Bloc de Gauche reculent de 2,5% avec 2% et une élue contre 5 sortants. Seul le parti Livre (Libre), se réclamant de l’éco-socialisme et conduit par Rui Tavares – ancien élu indépendant du Bloc de gauche – progresse de 0,9% avec 4,2% et obtient six élus.
Dans la circonscription de Lisbonne, le Bloc de gauche (BE) recule de 2,6%, passant de 5% en 2024 à 2,4%, ce qui lui permet de « sauver » le siège de Mariana Mortàgua.
Dans celle de Sétubal, le Bloc passe de 6% à 2,7% et perd le siège de Joana Mortagua.(Avec 7%, le PCP-CDU sauve son siège en reculant que de 0,6%).
Enfin, dans la circonscription de Porto, où le Bloc avait deux élus, il passe de 4,6% à 2% et perd ses deux sièges.
Le chef du groupe PS à l’Assemblée nationale, Pedro Nuno Santos, a dès hier soir démissionné de son poste et annoncé qu’il ne se représenterait pas. De fait, le PS est le grand perdant de ces élections, avec – mais évidemment à une autre échelle – nos camarades du Bloc de gauche qui réalisent le pire score de leur histoire.
Les semaines et mois qui viennent s’annoncent difficiles pour la gauche portugaise et notamment pour nos camarades.
3 commentaires et un câlin
Par Catarina Martins. Publié le 19 mai 2025 sur le site Esquerda. Traduit par nos soins.
Maintenant, on se réorganise, on recommence, on résiste.
L’extrême droite n’est jamais ridicule. Elle est toujours dangereuse. Du député qui vole des valises, à l’escroquerie au droit à la santé, tout sert à conditionner le débat public. Les algorithmes des réseaux et la soif d’audience de la télévision font le reste. La stratégie de dégradation de la démocratie est toujours réelle et rapide.
Comme dans le reste de l’Europe, la droite traditionnelle devient extrême. Elle fait des immigrés un thème de campagne, profite de la vague de discrédit éthique de la démocratie et méprise les luttes émancipatrices. Tout est « éveillé », disent-ils en marchant à reculons.
La gauche se réduit en nombre et en propositions. Dans le débat d’idées, il a également glissé vers le centre et la droite. Éviter les sujets difficiles devient tentant, même si cela augmente les risques globaux. Aller à contre-courant est une tâche presque impossible et ceux qui le font en paient le prix fort. C’est le temps de tous les dangers.
À Mariana, Marisa, Joana, Fabian, aux fondateurs du Bloc qui n’ont pas manqué l’appel, à ceux qui ont rejoint la campagne en sachant qu’ils choisissaient le chemin le plus difficile, à ceux qui organisent la lutte antifasciste à travers le pays et affrontent le conservatisme au quotidien, un câlin. Maintenant, on se réorganise, on recommence, on résiste.