Le congrès du SNES-FSU (premier syndicat des personnels enseignants et d’éducation du 2nd degré) s’est tenu du 31 mars au 4 avril à Marseille. En voici un petit compte-rendu.
Mai 2012 – avril 2014 : le congrès du SNES à Marseille a eu lieu deux ans après l’élection de François Hollande. Deux années durant lesquelles la politique éducative du gouvernement n’a pas connu de véritable rupture avec la logique des politiques menées précédemment. L’objectif reste la mise en place de l’école du socle commun, en vérité une école à plusieurs vitesses, de conception libérale. Le gouvernement a certes mis fin aux suppressions de postes dans l’éducation – tout en les poursuivant dans la plupart des autres ministères – mais les moyens affectés ne sont pas à la hauteur des besoins : les créations de postes sont très insuffisantes au regard des suppressions antérieures et de la hausse démographique. L’application des politiques d’austérité frappe de plein fouet les fonctionnaires en matière de salaire, de retraite et de conditions de travail.
Durant cette période, la direction du SNES-FSU a participé à de nombreuses phases de négociation avec le ministère, mais sans réellement s’appuyer sur un rapport de forces issu de mobilisations. Le résultat était prévisible dans ce contexte d’austérité : peu de revendications satisfaites et des réformes porteuses de reculs.
Ce congrès de Marseille était l’occasion de tirer des bilans de cette orientation et de mettre en discussion les démarches syndicales à adopter vis-à-vis de réformes imminentes et à enjeu, sur la question de la réforme des statuts ou de l’éducation prioritaire par exemple. Tout au long du congrès, des représentants d’académies ou de tendances minoritaires ont formulé des critiques ou des propositions alternatives à des formulations très prudentes vis-à-vis des réformes ministérielles, pouvant aller jusqu’à caractériser positivement une partie d’entre elles (nouveau décret sur les statuts, création du GRAF, un nouveau grade d’avancement spécifique…). Cela a souvent permis d’améliorer les textes, mais sans parvenir à en modifier la logique générale en profondeur.
De même, le débat sur l’action à mettre en œuvre a fait apparaitre des désaccords sur les moyens permettant de construire des mobilisations importantes, particulièrement sur les questions éducatives, mais aussi sur la construction nécessaire d’un front social et politique contre l’austérité (proximité de la manifestation du 12 avril).
Au final, l’orientation votée majoritairement n’est pas un point d’appui pour agir dans l’immédiat et impulser les mouvements nécessaires pour rompre avec la politique éducative actuelle.
A de nombreuses reprises s’est faite entendre la volonté de mettre en œuvre une orientation plus combative, pour faire face à la résignation, pour se mobiliser et obtenir des victoires significatives. Le débat se poursuivra au sein du SNES et de la FSU mais également avec les autres organisations représentatives des salariés. Au-delà de l’unité la plus large que recherche le syndicat pour mener ses actions, il a réaffirmé sa volonté de poursuivre la démarche initiée en particulier avec la CGT et Solidaires de constitution d’une nouvelle organisation syndicale, non sans l’expression de désaccords quant aux partenaires. Cette démarche de rapprochement et de recomposition syndicale est essentielle, elle doit permettre, selon nous, à tous les salariés intéressés d’y prendre part, via un processus d’élaboration ouvert et démocratique.
Ce congrès du SNES a mis en lumière la nécessité de continuer à se battre pour la mise en œuvre d’une orientation combative et à l’écoute des salariés, pour mettre fin aux politiques libérales et construire une école démocratique et émancipatrice.
Valérie Cutter et Marc Préau