Alors qu’aucun bilan n’a été fait de la réforme de l’indemnisation chômage mise en œuvre depuis fin 2018 (avec la parenthèse Covid) voici l’annonce d’une nouvelle loi qui doit être dans les textes prioritaires à faire voter à la rentrée
Macron et ses sous fifres (Pénicaud, Borne, Dussopt) ont fait et font preuve d’un acharnement sur la mise en place de leur projet sur l’indemnisation chômage 1. Cet acharnement doit nous interroger, c’est le signe de la centralité de cet enjeu dans la révolution libérale macronienne.
Nous assistons à la mise en application des mesures Pénicaud (baisse des allocations, réductions des droits, sanctions). Une mesure prétendait équilibrer les sacrifices, compenser ce qui était demandé aux chômeurs et aux chômeuses : la modulation des cotisations employeur en fonction de l’utilisation des contrats courts. Il s’agissait de sanctionner les entreprises qui utilisent des contrats courts au-delà de la moyenne de leur secteur activité et non de la moyenne générale. À l’époque, nous avions dit que c’était une mesure illusoire faite pour conforter l’image du « en même temps de droite et de gauche ».
Les Échos viennent de rendre public les chiffres de cette mesure qui a fait hurler (pour la forme) le MEDEF : le résultat est encore plus limité que ce que nous pouvions envisager.
Tout d’abord, seul 1,3 million de salarié·es seront concerné.es sur les 3 millions et demi de précaires en emploi : les restrictions aux seuls contrats très courts en font un instrument inefficace de lutte contre la précarisation de l’emploi. De plus, le ministère ne prend en compte que les précaires qui s’inscrivent à Pôle Emploi : l’augmentation de la durée nécessaire pour ouvrir des droits va accroître le non recours à Pôle Emploi 2.
Mais l’hypocrisie de cette mesure apparaît clairement : fidèle à sa politique de l’offre et à l’idée que l’on peut raisonner le patronat, le gouvernement avait mis en place un système de malus, mais aussi de bonus pour récompenser les employeurs « méritants » : le montant de la cotisation était fixe 4,05 % pour toutes les entreprises, mais il va baisser pour les entreprises qui sont en dessous du chiffre médian d’emploi de contrats courts. Grâce à cette mesure antipatronale entre un tiers et un quart des entreprises vont voire leur cotisation diminuer jusqu’à 3% !
C’est dans ce contexte que Macron, Borne Dussopt et les autres nous annoncent qu’ils vont encore réduire l’allocation chômage selon la conjoncture de l’emploi dans les différentes régions : c’est une nouvelle remise en cause des droits – baisser les allocations – qui va, de plus, favoriser les inégalités sociales et territoriales.
Dans une période où s’affichent les profits et les dividendes et où ces inégalités croissantes sont mises en cause, ces mesures peuvent paraître risquées, d’autant plus que celles en faveur du Capital continuent.
Ce gouvernement serait-il celui d’une fuite en avant suicidaire ?
Ou y a-t-il une stratégie qui, dépassant les réactions immédiates limitées dans le temps, poursuit à marches forcées sa transformation de la société.
Lire la partie 2 …
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1 Il ne faut plus utiliser le terme d’assurance pour qualifier leur projet qui est précisément de détruire la dimension assurantielle – mutualiste – solidaire qui présida – sur la base des initiatives ouvrières – à la création de notre protection sociale
2 Pourquoi s’inscrire au prix de démarches souvent fastidieuses pour ne rien toucher dans un organisme qui ne retrouve du travail qu’à un chômeur ou une chômeuse sur 3 ou même sur 4 ? Avec obstination, le non-recours à Pôle Emploi n’est pas l’objet de l’attention que devrait porter PE aux chômeurs et aux chômeuses : nous avons pourtant l’exemple du non recours au RSA (30 % des potentiels ayant droits)