La récupération des entreprises par les travailleur-euses n’a cessé de croître, depuis la seconde moitié du XXe siècle en Argentine. Le nombre d’entreprises expropriées existant dans la région de Buenos Aires avoisine le demi-millier. Cependant, avec l’arrivée du gouvernement ultra-libéral de Milei, l’avenir de ces entreprises autogérées s’est obscurci.
Entreprises récupérées : la résistance de la classe ouvrière à l’ultralibéralisme en Argentine.
Par Andres Ruggeri. Entretien avec Andrés Ruggeri réalisé par le sociologue Damián H. Cuesta, pour l’Instituto de Ciencias Económicas y de la Autogestión (ICEA) dans l’État espagnol, publié par Briega le 2 décembre 2024 qui a été traduit et publié le 27 février 2025 par le site de l’Association pour l’autogestion.
La récupération des entreprises par les travailleur-se-s (ERT) est un mouvement qui, depuis son émergence dans la seconde moitié du XXe siècle en Argentine, n’a cessé de croître et s’est étendu à d’autres pays des Amériques.
Selon les dernières données, le nombre d’entreprises expropriées existant actuellement dans la seule région de Buenos Aires en Argentine avoisine le demi-millier.
Cependant, avec l’arrivée du gouvernement ultra-libéral de Milei, l’avenir de ces entreprises autogérées s’est obscurci.
Au niveau de l’Institut des sciences économiques et de l’autogestion (ICEA), nous avons voulu interroger à ce sujet le professeur Andrés Ruggeri, directeur du Programme de documentation des entreprises récupérées, rattaché à la Faculté de philosophie de l’Université de Buenos Aires (UBA) et coordinateur des Rencontres internationales de l’économie des travailleuses et des travailleurs, dont la dernière réunion s’est tenue en octobre dernier (2024) à Barcelone.
Il est l’auteur du livre : « ¿Qué son las empresas recuperadas? Autogestión de la clase trabajadora », dont la dernière édition (2017) a été publiée en Espagne par la maison d’édition Descontrol et Syllepse en France1Ruggeri Andrés, Occuper, résister, produire – Autogestion ouvrière et entreprises récupérées en Argentine, Syllepse, Avril 2015, 190p. https://www.syllepse.net/occuper-resister-produire-_r_74_i_631.html.
Tout d’abord, pour nous mettre un peu en situation, de quoi parlons-nous lorsque nous parlons d’entreprises récupérées par les travailleurs (ERT) ?
Eh bien, le terme d’« entreprises récupérées » est apparu ici en Argentine autour de la crise de 2001, qui a été une conséquence de la période néolibérale que nous subissions depuis 1989 et qui a explosé en plein vol.
Pendant cette crise, une série d’occupations d’usines est apparue, qui a eu un grand impact sur l’opinion publique et, surtout, sur les organisations populaires de travailleur·euses qui ont vu comment un certain nombre de travailleurs occupaient des usines pour les remettre en production.
Ce phénomène a été qualifié par les protagonistes eux-mêmes, déjà à l’époque, d’entreprises récupérées par leurs travailleurs.
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Pour compléter, vous pouvez consulter :
et sur notre site :
Notes
- 1Ruggeri Andrés, Occuper, résister, produire – Autogestion ouvrière et entreprises récupérées en Argentine, Syllepse, Avril 2015, 190p. https://www.syllepse.net/occuper-resister-produire-_r_74_i_631.html