Notre camarade Étienne Adam rappelle que le SMIC – malgré son intérêt pour freiner la baisse des salaires – n’est pas une protection absolue. De fait, 16 % des salarié·es sont payé·es en dessous du SMIC. Mais l’urgence sociale n’attend pas : « Personne en dessous du seuil de pauvreté ! »
Pourquoi le Smic n’est pas une protection suffisante contre la pauvreté des travailleurs et des travailleuses
Par Étienne Adam. Le 4 octobre 2024.
Le titre d’un article de The conversation attire l’attention : « Pourquoi le smic n’est pas une protection suffisante contre la pauvreté des travailleurs ? »
Dans le discours officiel habituel de la gauche, y compris celui des gauches dites « radicales », le SMIC est ce qui permet de défendre les bas salaires.
Le SMIC serait la mesure de défense du pouvoir d’achat, terme confus partagé par toutes les forces politiques. Il suffit de voir sa place dans les programmes.
Pourtant, le SMIC – quel que soit son intérêt pour freiner la baisse des salaires – n’est pas cette protection absolue.
Les véritables « revenus minimum garantis » sont aujourd’hui le RSA, la prime pour l’emploi et tous les minima sociaux. Ces derniers, bien en dessous du seuil de pauvreté, ne garantissent même pas un pouvoir de vivre. Ils limitent même la progression des salaires !
Le SMIC n’est pas respecté même dans sa dimension de minimum interprofessionnel.
C’est vrai pour les faux indépendants des plateformes ou autres (autoentrepreneurs dépendants). Par leur statut, ils « échappent » à la protection du Code du travail et à la protection sociale des salarié·es.
Dans le salariat à temps plein, les exceptions ne sont pas marginales. Elles sont localisées dans les secteurs hors de la concurrence internationale qui sert de prétexte à baisser les coûts salariés : l’agriculture, les services à la personne, la restauration, le bâtiment avec le travail au noir.
Ce sont 5 % des salarié·es qui ont un taux horaire inférieur au SMIC par dérogations légales ou par fraude social des patrons. Rappelons que les minima conventionnels sont, dans nombre de cas, inférieurs au SMIC, véritable incitation à ne pas respecter le SMIC.
Mais la majorité des personnes payées en dessous du SMIC sont victimes de temps partiels – voire très partiels – imposés. Dans les secteurs cités plus haut, le temps partiel est de rigueur dans des proportions considérables. Ainsi, dans l’aide à domicile, c’est le cas pour 66 % des salarié·es.
Au total, ce sont 16 % des salarié·es qui sont en dessous du SMIC. Cela montre la fragilité de cette protection qui fonctionne de plus en plus mal avec la croissance des smicard·es dans l’emploi total.
L’article donne un certain nombre de pistes qu’il faut discuter.
Mais l’urgence sociale n’attend pas. D’autant que l’inflation a tout surenchéri, y compris les produits de première nécessité.
Il faut garantir le pouvoir de vivre des pauvres. Cela ne passe pas par une revalorisation important des minima sociaux.
Un seul mot d’ordre : « Personne en dessous du seuil de pauvreté ! »