« Nous faisons un seul choix : le rétablissement des finances publiques.», dit le ministre des Finances (Bruno Le Maire, Le Monde, le 6 mars). Contredire le discours des « aristos » qui dirigent est nécessaire, pour que personne n’hésite dans les prochaines phases de luttes et de mobilisations interprofessionnelles. Des objectifs pour unir (3).

 Taxer les superprofits

Par Pierre Cours Salies, le 24 avril 2024

Trop de richesses pour quelques-uns et trop d’austérité pour les autres…

Trop visible, cela embarrasse un peu les dirigeants de la classe bourgeoise « moderne ».

En février, le G20 a débattu d’un taux minimum à faire payer sur le patrimoine des super-riches, une idée qui fait également son chemin en Europe : ils sont relativement moins taxés que les autres contribuables.

Économiste critique, Christian Chavagneux a expliqué1 – Christian Chavagneux : « Déficit à 5,5 % : les recettes (fiscales) pour contrôler le dérapage », Alternatives économiques, 27 mars 2024 la possibilité d’une telle mesure : « des solutions existent pour augmenter les recettes fiscales, maîtriser le déficit budgétaire record de 154 milliards d’euros et réduire la dette, sans taxer les plus pauvres ni les classes moyennes ». Elle pourrait garder un caractère modéré. « Une taxation sur les gros héritages, sous-taxés, telle que présentée par les experts du Conseil d’analyse économique, rapporterait une dizaine de milliards, ou bien une vingtaine selon l’ambition de la réforme, les 1 % les plus riches portant le surplus d’imposition ». Il précise : « Avec une seule mesure, les sommes obtenues sont à la hauteur de nos défis budgétaires, actuels et futurs […] : taxer une très petite partie de la population française, à un taux faible ».

Taxer les très riches

Cette possible correction partielle s’appuie sur un projet d’Aurore Lalucq, députée européenne du PS, en lien avec le député PS belge Paul Magnette.

Précisons leur combat. Une coalition avec des parlementaires européens, d’anciens membres de la Commission, des syndicats, des ONG, etc., a lancé un appel en faveur de la taxation des très riches (Le Monde, 14 mars 2023). Comment ne pas partager leur réaction un peu scandalisée ? « En France, pays pourtant réputé pour son niveau élevé de taxation, les 370 plus riches familles ne sont effectivement taxées qu’autour de 2 % à 3 % » (Le Monde, id.). Ils en ont fait un appel international2– Pour soutenir l’initiative : https://eci.ec.europa.eu/038/public/#/screen/home. Pour avoir toutes les informations et connaitre le nombre de soutiens : https://citizens-initiative.europa.eu/initiatives/details/2023/000006_fr. Leur Initiative citoyenne européenne (ICE), a été validée en juillet 2023 par la Commission européenne : afin que leur projet puisse avancer, les deux politiques ont un an pour recueillir un million de signatures dans, au moins, sept pays de l’Union. Ils ont jusqu’au 9 octobre prochain pour arriver au million pour un impôt européen sur la fortune.

La rigueur pour les salarié·es

Toutefois, l’insistance de Gabriel Attal pour des mesures de rigueur budgétaire en vue d’une « réforme de prospérité » conforte les options de Bruno Le Maire. Le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, appelle l’exécutif à « stabiliser, en volume, la dépense publique ». […] « La période n’est pas défavorable pour faire cette stabilisation budgétaire » (Les Echos, 22 avril).

L’empilement de leurs mesures se poursuit. Elle se traduit par la énième loi contre les chômeurs, dénoncée par la Secrétaire de la CGT, Sophie Binet : « Cette nouvelle attaque contre l’assurance-chômage rejaillit sur l’ensemble des salariés. La finalité de cette réforme, c’est de forcer les gens à accepter n’importe quel poste et de généraliser les petits boulots. Le gouvernement s’inspire de Gerhard Schröder en Allemagne et de Margaret Thatcher au Royaume-Uni » (Le Monde, 6 avril 2024).

« Le gouvernement n’a plus aucun argument pour défendre une cinquième réforme contre les chômeurs. »

Mais, sachons le voir, il consolide l’unanimité de l’intersyndicale, maintenue depuis l’an dernier.

Ça suffit !

Des millions de salarié·es, retraité·es, précaires partagent, déjà, une conviction commune, exprimée par la secrétaire générale de la CGT : « Il faut arrêter la course au moins-disant fiscal et miser sur l’innovation, la formation et la qualité de la production. Pour cela, il faut prendre l’argent là où il est. D’ailleurs, certains pays l’ont bien compris. Les États-Unis sont en train de taxer les dividendes, les rachats d’actions, et d’augmenter l’impôt sur les entreprises ».

Bref, ras-le-bol de la politique des « aristos » de la Haute Finance mondiale… et française !

Depuis des mois, nombre d’associations dénoncent la « chasse aux pauvres »3 https://www.alerte-exclusions.fr/qui-sommes-nous/un-collectif-national. Y participent : ATD-Quart Monde, la Cimade, Emmaüs France, des associations de défense du droit au logement, la LDH, France Terre d’asile, le Secours catholique, l’UNIOSS, Action contre la faim, etc..

Chaque organisation de la NUPES a exprimé ses critiques. Ainsi, Raquel Garrido a rappelé, dans un débat TV, toutes les interventions à l’Assemblée pour faire cesser les « aides », sans vrais contrôles, accordées aux patrons. Elles alimentent leurs profits, mais manquent à d’autres budgets. Certaines ont été créées du temps de Sarkozy, d’autres par Hollande. En publier les effets, en montrer les nuisances, et les supprimer aurait aussi un effet de reclassement politique.

La réponse murit

Les grèves actuelles dans le commerce, l’aérien, l’Éducation nationale, sont des signes. Il y en aura d’autres…

Une réponse murit, dans l’unité intersyndicale, pour après les européennes et les JO. Les projets de grèves dès la fin de l’été, pour la rentrée des fonctionnaires, sont déjà discutées. Le projet de budget 2025 et la loi d’étranglement des dépenses de santé (PLFSS) forment un carrefour des exigences.

« Dix ans, c’est trop long ! Assez ! »

La radicalisation des refus et des exigences s’accroît et la plupart des forces militantes veulent une autre voie que le duel entre le gouvernement et les extrêmes droites.

Tout cela met à l’ordre du jour une réponse à construire.

Refuser. S’opposer. Proposer.


Pour compléter, vous pouvez lire sur notre site :

Notes