Voilà un nouveau texte de Sofia, lu samedi 6 avril, à Gap, lors de la manifestation hebdomadaire pour un Cessez-le-feu total et définitif. Nous poursuivons la publication de ces textes qui sont un écho de ce que vit, au quotidien, la population de Gaza.

Hani, mon cousin de Gaza, tu as 17 ans, comme moi

Par Sofia Ali (17 ans), le 6 avril 2024

Hani, mon cousin de Gaza, tu as 17 ans, comme moi

Mais tu as déjà connu cinq guerres, et tu n’as jamais eu le droit de sortir de Gaza,
Ta maison, tu l’avais déjà vu détruite et reconstruite deux fois,
Avant qu’elle ne tombe, sous les bombes, cette année, encore une fois.

Depuis six mois, tu vois mourir les gens autour de toi,
Des proches. Il parait que tu es très marqué et que tu ne parles pas,

Pourquoi Hani, moi, j’ai le droit de vivre, et toi non ?
Pourquoi Hani, moi, je suis libre et toi, tu es en prison ?
Pourquoi Hani, j’ai à manger, et toi de force, tu es affamé ?
Pourquoi j’ai un toit, et toi une bombe a écrasé ta maison ?

On se ressemble comme deux gouttes d’eau,
On pourrait nous prendre pour des jumeaux,
Mais il y a une frontière, un mur dressé
Entre nous, et une guerre qui emporte tout.

Une guerre et des frontières contrôlées qui ne nous ont jamais permis
Comme deux cousins normaux de l’étranger,
De plus souvent nous rencontrer
Et de partager quelques étés.

Nous sommes deux lycéens,
Comme moi, tu aimais le sport et les réseaux sociaux,
Comme moi, tu aimais t’exprimer par les mots,
Non, on ne pourra pas me dire
Que nous sommes égaux.

J’entends parler de toi, chez moi, parfois
Mes parents disent
« Il faudrait au moins sortir Hani
Qu’il puisse passer son bac »

J’entends dire aussi
Qu’ils ont peur que quand vous descendiez
Qu’au check point qui sépare Gaza en deux,
Tu sois pris par l’armée
Juste parce que tu es un garçon et que tu as 17 ans !

J’entends dire aussi que
Le pire, le plus dur sera de vous voir partir, quitter Gaza,
Que le pire, c’est de savoir le risque que vous ne puissiez jamais revenir,
Mais vaut-il mieux mourir ?

Vaut-il mieux mourir, ou renoncer à votre droit de vivre, chez vous ?
Tu es encore coincé Hani dans la ville de Gaza.
Tu as été témoin, cette semaine, après le retrait de l’armée, du charnier laissé à l’hôpital Al Shifa.
J’espère, Hani Al Kafarnah, mon cousin de Gaza, que tu pourras vivre.

J’espère que moi, Sofia Al Kafarnah, je pourrai un jour retourner chez nous,
Aller te retrouver en tant qu’homme libre,
à Beit Hanoun, dans notre maison de famille reconstruite.

 


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